Quelques Hydronymes en Pays de Sainte-Baume
Nous ne donnerons que quelques exemples de cette richesse hydronymique qui irrigue le Plateau de la Sainte-Baume et ses bassins versants. Une brochure plus détaillée est en cours de réalisation dans le cadre du PNR. Il permettra aux amoureux de la Sainte-Baume de saisir sens et étymologies de nos ressources hydriques en Pays de Sainte-Baume.
Le plateau de la Sainte-Baume est un territoire stratégique pour l’irrigation de nos territoires. Nous avons fait le choix de retenir surtout les hydronymes qui partent du plateau. On peut distinguer plusieurs bassins versants principaux : au Nord, celui de l’Argens au Cauron ; à l’Ouest, celui de l’Huveaune au Merlançon ; à l’Est, celui du Caramy ; au Sud, celui du Gapeau au Real Martin ; Au Sud-Ouest, le polié de Cuja est un bassin hydronymique important. Précisons que la multitude des ressources aquifères (la deuxième après celles de Canjuers) se décline en sources, ruisseaux, zones humides, surverses, fleuves, affluents. C’est une richesse exceptionnelle en pays méditerranéen. Pour le rétablissement de la transcription commune à l’ensemble des pays d’Oc, l’auteur s’est efforcé de rétablir la graphie initiale, quitte à préciser entre parenthèses pour certains hydronymes la phonétique appropriée.
Ce petit article a pour but de recevoir vos contributions. Merci.
PLAN D’AUPS
Source de l’Huveaune. A proximité du Plan d’Aups.
Forme provençale : Fònt de Vèuna (prononcer fouant de Vèouno).
L’Huveaune. Fleuve côtier qui se constitue à l’ubac de la Sainte-Baume. Rac. hydron. p.i.e UP- /UB- à l’origine de noms de cours d’eau. UB- avec suffixe -el-na. (Uvelne, 955). (cf. l’ Ubaye, affluent de la Durance). La francisation diglossique de l’hydronyme passe par la transformation phonétique et orthographique de el-èu en eau…
Forme provençale : Vèuna
Escandaou. Plan d’Aups, proche source Eau Blanche, vers Adrech Sainte Baume. Issu du grec scandalon, « obstacle ». Terrain abrupt. Peut être rapproché de escandalós – escandalous, « dangereux, sans garantie » (un précipice, un pont), Mistral, TdF).
Forme provençale : Fònt Escandalósa. Forme maritime : Fònt escandaloa (Fouant escandaloua)
Ruisseau de la Maïre. A l’ubac de la Ste-Baume, proche du poljé du Plan d’Aups, affluent de l’Huveaune ; la Maire en provençal est la mère, la matrice et prend le sens de ruisseau ou de source. La formulation française est donc une tautologie. (cf. infra, Versant Argens/Cauron, le « ruisseau de la Meyronne »).
Forme provençale : La Maire
De l’HUVEAUNE au MERLANÇON
Sources de Saint-Pons. Au N-W du poljé de Cuges, proche de la source du Cros. Apud podium Sancti Poncii (1409), transcrit « la puyjade de San-Pons » (Cl. Bonifay. Histoire de Cuges). Du lat. podium, « piédestal, colline, plateau » qui a donné la famille prolifique des puech, pech, pioch, et en Provence maritime les puei, pei, pie, puy, py…
Forme provençale : Fònt de Sant Pons
Sources des Nayes. A proximité de Peiruis, hydronymes au sens redondant : nayes, « routoir, bassin, réservoir ». Orthographe francisée (cf. les « Nayes » à Saint-Zacharie et à Méounes).
Forme provençale : Fònts dei Nais
Le Merlançon. Affluent au Nord de l’Huveaune. Rac. p.i.e Mer-l, variante de la rac. Mer-d. Contrairement à F. Mistral qui insiste sur le sens de « ruisseaux qui servent d’égout », J. Astor considère que le suffixe -entione est préceltique (comme Briançon-Htes-Alpes, Chalencon-Ardèche) – et que doit être retenu le seul sens de « ruisseau » (cf. Merlanson, Gard).
Forme provençale : Merlançon
Versant ARGENS-CAURON
Ruisseau la Meyronne : Mairona vient du lat. matrona. La maire est «la source, le lit d’un cours d’eau». Avec suffixe dimin. -on. A proximité du Cauron. (cf. Au Val, Var, Meiroune).
Forme provençale : Mairona (prononcer mairouno)
Rivière l’Issole. Rac. hydron. p.i.e Vas- / Ves- / Vis-, “source”. (cf. Vaison la Romaine, vasio, 2e. s. ) > Rac. Is-, abrègée de (V)Is (cf. Isère < isara, César).
Forme provençale : Ribiera Eissòle, ou simplement : Eissòle
Ruisseau du Petit Gaudin et Grand Gaudin (Riv.). Affluents du Carami.
Gaudin : racine germanique : waldan, idée de valeur guerrière, v. waldan, « gouverner ». Avec dimin. in (Gaudin, Gaudet, Gaudon, Gauzy, Galdin).
Formes provençales : (Riu) Pichòt Gaudin et (Ribiera) Grand Gaudin
Versant SUD
Gapeau (le). Flumen Gapelli, 1140. Gapel (1526 « Transaction entre l’Evêque de Marseille et la Communauté de Signe »). Petit fleuve méditerranéen qui reçoit les eaux du Latay et du Raby. Il passe par Solliès et se jette dans la mer à proximité de Hyères. Rac. p.i.e Gap- : racine commune avec l’hébreu Gab, « hauteur » et l’anglais Gav-, « brèche » (TDF. F. Mistral). Sur la commune de Signes, il a permis la construction du Moulin d’Arnaud (1778), à l’Est de Beaupré.
En Provençal, les cours d’eau n’ont pas d’article. Forme provençale : Gapèu
Latay (le)-
Racine hydronymique p.i.e. aR- qui varie en al- et ses dérivés al-T>ALT>ALT(A). Elle est commune à l’eau, ruisseau, rivière. Affluent du Gapèu (Altaiara, Lataiara, 984. Latay, 1864. Le « y » final, sous l’influence du français, vient remplacer au XVe s. le « i » d’origine) :
Forme provençale : Latai
Edition 2024 - Gérard Tautil, auteur et toponymiste en domaine d’Oc