Fruits d'automne dans la forêt de la Sainte-Baume
L’automne est la saison qui prépare le grand repos hivernal. Les arbres dépouillés se distinguent des essences toujours vertes et les feuilles caduques viennent enrichir l’humus nourricier. De nombreux végétaux se parent de fruits colorés issus de la floraison printanière.
Les hêtres majestueux régalent les écureuils de leurs faînes qui libèrent de petites graines oléagineuses. Elles sont porteuses d’espoir, car produites par des arbres habitués à supporter la sécheresse estivale. On envisage de les utiliser pour sauver nos forêts plus septentrionales.
Les chênes pubescents produisent en abondance des glands que les geais viennent dérober. Ils en font, dans le sol, des réserves dont une partie est oubliée, contribuant ainsi à la propagation de la forêt.
Ressemblant à des cerises allongées, les cornouilles poussent sur un arbrisseau qualifié de « mâle » car il est plus robuste que l’espèce « sanguine ». Si elles étaient consommées par nos ancêtres de la Préhistoire, nous avons perdu l’usage d’en faire d’excellentes confitures. Elles profitent aux oiseaux tout comme les diverses sorbes et autres poires ou pommes sauvages.
Méfions nous cependant, car tous les fruits rouges ne sont pas nécessairement comestibles.
Le Houx décore agréablement les crèches de Noël et les tables calendales. Ses baies corallines sont autant de pendeloques écarlates qui annoncent le retour de la lumière. Présentes uniquement sur les pieds femelles, elles sont bonnes pour les grives et les merles mais très toxiques pour l’Homme. Est-ce pour dissuader les enfants d’en consommer que les feuilles sont devenues piquantes ?
L’If est l’un des plus vieux arbres du monde. Il prospère dans la forêt de la Sainte Baume dont il constitue l’un des emblèmes. Avec le changement climatique, est-il promis à un bel avenir ? Le nom d’espèce « baccata » est trompeur car on n’est pas en présence de baies. La graine, nue, est entourée d’une excroissance charnue, l’arille, que consomment les oiseaux de passage. Non digérée, la graine est disséminée avec les déjections. Elle contient un poison violent que le chef gaulois Catuvolcos, ne pouvant plus lutter contre Jules César, aurait volontairement absorbé pour échapper au déshonneur.
Beaucoup de fruits noirs sont également dangereux : la Belladonne, le Troène commun ou la Daphné lauréole…
Les graines contenues dans les capsules de l’Hellébore fétide, autrefois utilisée par les sorcières, étaient censées guérir la folie.
Avec ses fruits étranges qui évoquent des barrettes cardinalices, le Fusain à larges feuilles est communément appelé « Bonnet de capélan » (prêtre en provençal).
Bien d’autres fruits passent souvent inaperçus mais ils participent pleinement au grand cycle de la nature.
Edition 2024 - Alain Bontemps – Ecomusée de la Sainte Baume