Le grand chêne

Le grand chêne

Le grand chêne Le grand chêne

Il y avait, naguère, à proximité du chemin des Roys, le plus grand de tous les chênes de la forêt de la Sainte-Baume. On le disait millénaire et il fallait au moins six personnes pour l’encercler, les bras écartés. D’après une tradition populaire, il aurait été contemporain de saint Louis et, même, de Marie-Madeleine qui appréciait son ombrage et aurait gravé sur son tronc une croix longtemps visible parmi les graffitis des pèlerins. La longévité exceptionnelle du chêne pubescent dépassant rarement six cents ans, on ne peut que douter de son âge. Saint Louis ayant effectué le pèlerinage à la Sainte Baume en 1254, même si le chêne existait déjà, ce qui est peu probable, il ne devait pas être bien développé, sans parler de Marie-Madeleine !

Complètement mort depuis des décennies, il n’en reste que des vestiges de sa couronne d’écorce. Cependant, il a été immortalisé par des photos datant de la Belle Epoque. Le tronc bifurqué évoquait d’opulentes formes féminines renversées. L’une des moitiés était déjà morte tandis que l’autre ne donnait plus naissance qu’à de frêles rameaux (guide Tavernier-1912). Les jeunes filles qui désiraient se marier dans l’année ou les femmes stériles en mal d’enfant faisaient trois fois le tour de l’arbre en embrassant la croix (ou le tronc) à chaque passage. Ces pratiques, qui peuvent nous faire sourire, faisaient partie des rites liés au culte de la fécondité attaché à la Sainte-Baume (comme l’édification de petits « castelets » de pierres ou la traversée en couple du rocher du Canapé).

Parce qu’ils sont un lien vivant entre la terre et le ciel, les ténèbres et la lumière, les arbres engendrent des ondes positives. Ceux qui viennent enlacer les vieux troncs noueux recherchent leurs vertus régénératrices, même si elles n’ont pas été démontrées par la science. Grâce à l’énergie que dégagent les arbres, la montée à la grotte devient une élévation spirituelle vers la caverne primordiale. Est-ce là le secret de la forêt de la Sainte Baume ?

Edition 2022 - Alain Bontemps, Ecomusée de la Sainte Baume