La peste de 1720-1721 en pays Sainte-Baume

La peste de 1720-1721 en pays Sainte-Baume

La peste de 1720-1721 en pays Sainte-Baume

Au cours de son histoire, la Provence a subi de nombreuses épidémies de peste, maladie dont les causes étaient alors inconnues. La « contagion », qui sévissait de façon endémique dans les « pays du Levant et de Barbarie », se propageait à l’occasion d’échanges commerciaux.

Il y a trois cents ans, un navire marchand chargé d’étoffes, le Grand-Saint-Antoine, fut à l’origine d’une grave contamination. Parti de Marseille dans le courant du mois de juillet 1720, l’horrible fléau se répandit dans toute la région et causa, en deux ans, la mort d’environ  120.000 personnes sur une population de 400.000. La propagation de la maladie, par l’intermédiaire des puces apportées par les rats, ne se faisait pas de façon continue. Des foyers apparaissaient au fur et à mesure des déplacements humains.

Le mal remonta la vallée de l’Huveaune. On eut à déplorer 2.000 morts sur 7.000 habitants à Aubagne. De septembre 1720 à septembre 1721, Auriol, où vivaient 3.000 résidents, perdit la moitié de sa population. Moins atteints furent Gémenos (54 morts sur 1.100 habitants) et Roquevaire (46 sur 2.500). En revanche, la mortalité s’avéra beaucoup plus importante à Saint-Zacharie (254 sur 1.050), Nans (230 sur 680) et Mazaugues (168 sur 440). A l’écart des grandes routes, le Plan d’Aups fut complètement épargné, mais il y avait alors moins de cent occupants.

Grâce à des mesures très sévères d’éloignement et la mise en place de barrières efficaces, le mal, se propageant vers l’est, n’est pas entré dans Rougiers et Saint-Maximin. Tourves et Brignoles furent contournés et épargnés. C’est par l’intermédiaire de routes secondaires qu’entre les mois de mai et d’août 1721 ont été successivement atteintes les localités de Forcalqueiret, Garéoult, Sainte-Anastasie, Néoules, La Roquebrussanne et Besse, ce qui représente environ 1.500 décès pour 5.000 âmes. Méounes, Signes et Cuges n’ont pas souffert, car elles ont su prendre les décisions énergiques qui s’imposaient. Le mal rejoignit à Flassans la grande route de Saint-Raphaël (notre N7).

Considérée à l’époque comme une manifestation du courroux divin, l’épidémie de peste qui a ravagé 242 communautés et exterminé près du tiers de la population concernée (Provence, Comtat Venaissin et même Languedoc) a durement éprouvé le pays Sainte-Baume.

Edition 2021 - Alain Bontemps