Un ancien de Cotignac

Gabriel Henri Blanc est né en 1915 et a passé son enfance à l’ombre de la falaise du beau village de Cotignac.

C’est sûrement de cette période de l’école communale qu’il s’est inspiré, de la nature, de la vie des hommes alors, pour devenir bien plus tard un écrivain, un dessinateur, un historien de talent.

Dans ses livres, il évoque ces moments avec une certaine nostalgie, un peu comme dans un film de Marcel Pagnol. La seule évocation de ses souvenirs nous transporte dans la  Provence d’avant guerre. On entend le chant des cigales dans les oliviers, l’eau claire des sources, on traverse les champs pour la cueillette des salades sauvages, et l’on perçoit presque le parfum des fleurs qui embellissent les restanques.

Issu d’une vieille famille de cultivateurs de Cotignac remontant aux années 1550, son avenir paraissait tout tracé : devenir un agriculteur, comme ses parents. Appelé sous les drapeaux en 1936, il est mobilisé sur place et devient militaire pendant la deuxième guerre mondiale, ce qui l’oblige, comme beaucoup d’autres hommes de Provence, à travailler sur des chantiers forestiers dans le haut Var. Il s’engage alors dans le maquis, avec son épouse qui transmettait le courrier, et intervient avant la Libération lors d’une bataille  sur le Bessillon.

En 1946, il est démobilisé et engagé comme garde forestier dans les Eaux et Forêts, sur plusieurs communes du haut Var, notamment Montmeyan et sa forêt de Pelenc, Barjols, et bien sûr Cotignac. Pendant son temps libre, il commence ses recherches dans les archives de nombreuses communes, se déplaçant dans tout le Var et au-delà.

La nuit, il écrit à la plume et à l’encre de chine, comme les moines au Moyen- âge, embellissant ses manuscrits, et décorant chaque page de frises, avec de beaux dessins de plantes, d’oiseaux, de mammifères, de personnages, mais aussi de blasons et armoiries de chaque commune…

Ses œuvres, reliées de cuir comme de vieux grimoires, sont visibles à la  médiathèque de Cotignac et à celles des communes environnantes.

En 2009, Gabriel Blanc s’envole avec les anges à l’âge de 94 ans. Il laisse une vingtaine d’ouvrages essentiels sur l’histoire provençale.

Tant qu’il restera des livres, témoignage des anciens, pour relier le plaisir de la lecture à la culture, nous retrouverons nos racines, comme ces vieux chênes qui traversent le temps et la folie des hommes….

Edition 2025 - Christian Vacquié