Le télégraphe optique est né à Ollioules

Le télégraphe optique est né à Ollioules

Le télégraphe optique est né à Ollioules Le télégraphe optique est né à Ollioules

Claude CHAPPE (1763 / 1805) aîné d’une famille de cinq garçons, fils de savant, ingénieur, doit son invention géniale à la solidarité de toute une famille originaire de Brûlon dans la Sarthe.

Les premiers essais ont lieu en 1790. La Convention nomme deux commissaires LAKANAL et DAUNOU pour superviser l’expérience finale qui se déroule le 12 juillet 1793 au nord de Paris entre Belleville et saint Martin du Tertre. Convaincu par  Lakanal,  le  Comité  de  salut  Public  décrète  la  création d’une première ligne télégraphique entre Paris et Lille. Les armées de la 1ère République se battent aux frontières du Nord.

Le 30 août 1794 est une date historique : le télégraphe annonce la reprise de Condé sur l’escaut ville assiégée par les Autrichiens. Il a fallu 30 minutes pour recevoir la nouvelle à Paris.

A partir de cet événement le télégraphe de Chappe va se développer jusqu’au milieu du XIXe  siècle  pour  constituer  un  réseau  de  5000  km  reliant  29  villes  et  comprenant  534 stations dont le centre était Paris. L’effectif était de l’ordre de 1500 employés. Pour notre région, la ligne Paris – Toulon mise en service en 1821 desservant la vallée de Rhône était constituée de 108 stations. Celle d’Ollioules était reliée à la Préfecture Maritime de Toulon.

Le télégraphe était installé à l’origine sur la tour de l’horloge à l’intérieur de l’Arsenal puis déplacé sur le toit de la préfecture située à cette époque sur la Place d’Armes. Un autre appareil était fixé sur le fort Lamalgue au Mourillon. Les
expéditeurs ou destinataires étaient : le Préfet maritime, le Directeur du télégraphe et quelquefois le Préfet « civil » ou le magistrat procureur du Gouvernement.

Le télégraphe fut toujours réservé au trafic gouvernemental et militaire mais jamais ouvert au trafic privé.

Toulon  était  donc  terminus  et  départ  de  la  ligne  en relation avec le télégraphe d’Ollioules situé à mi-pente, versant sud de la colline du Croupatier. Chacun comprendra alors pourquoi le col du Télégraphe, carrefour des sentiers  de randonnée bien connu, est ainsi dénommé. Il suffit de se tourner et par l’autre fenêtre, le regard porte directement sur la colline de Pibarnon à la Cadière, où se trouvait la station suivante. Le lieu dénommé La Vigie (alt.324m) est desservi par le chemin de la Croix du signal. La  ligne  sortait  du  département  du Var par Ceyreste, Roquefort, la Penne sur Huveaune, saint Marcel et arrivait à Marseille.

Comment fonctionnait le  télégraphe ?

Le matériel :   le bâtiment, tour carrée ou ronde, construit en dur, placé sur une hauteur comprenait deux parties :

  • La partie mécanique visible de loin constituée d’un mât en bois sur lequel était fixé un régulateur et deux indicateurs également en bois persiennés. Le tout était actionné par un ingénieux système de poulies et de câbles par le « stationnaire » qui recevait et transmettait les signaux.
  • La  partie  abritée  divisée  en  deux  pièces  :  une  pour  la  manipulation  des  deux  bras  du  télégraphe, l’autre comme salle de repos.

Le fonctionnement : « le stationnaire » observait à la lunette de Galilée (longue vue) les deux postes voisins.  Il  reproduisait  avec  son  appareil  les  signaux  observés  sans  en  comprendre  le  sens. seuls les directeurs possédaient le dictionnaire des codes et pouvaient ainsi traduire les dépêches. Chaque signal était défini par un ensemble de deux figures successives :

  • La 1e indiquait le numéro d’ une page sur les 92 du dictionnaire,
  • La 2e une rubrique sur les 92 contenues dans la page soit : 92×92=8464 codes possibles. A chacun d’eux  correspondait  un  élément  de  phrase,  un  nom,  un  mot  parmi  les  plus  utilisés,  une  lettre,  un chiffre, un signe etc. Il y eut même des dictionnaires spécialisés (militaires, administrations civiles et gouvernementales etc…)

A leur arrivée, les dépêches étaient transcrites sur un imprimé à entête spécial du modèle ci contre et encore conservé aux Archives de la Marine.

Il est bien évident que le système ne pouvait fonctionner que le jour et par temps clair. Dans de bonnes conditions météorologiques, le temps de transmission entre Paris et Toulon était de 2 à 3 heures pour un texte court alors que, jusque là, la malle-poste mettait cinq à six jours.

Pour l’anecdote :

  • En avril 1829, l’élection du pape PIe VIII connue à Toulon à 4 heures du matin est annoncée à Paris dès 8heures du matin… grâce au télégraphe !
  • En 1815 si le télégraphe eut fonctionné à Toulon : les 100 jours n’eussent pas eu lieu et la face du monde point changée !… Lorsque le courrier annonçant le retour de l’empereur arrive à Lyon, … Napoléon est déjà à Grenoble !

Le déclin

Malgré tous ses avantages, le telegraphe avait des défauts majeurs. Il était coûteux, son débit faible et utilisable seulement le jour. La transmission des messages donnait lieu à des dépêches modifiées et fantaisistes. En 1820, ARAGO et AMPERE mettaient au point un télégraphe électrique. Repris et amélioré par l’anglais W.WHEATSTONE, il va sonner le glas du télégraphe de Chappe en 1843. Progressivement les lignes vont cesser leurs activités. Ce fut le cas à Toulon le 28 juin 1853 où le télégraphe électrique mis en service fut aussitôt ouvert au public.

Il est certain aujourd’hui que le télégraphe de Chappe représente la naissance des télécommunications modernes dans le monde. Il a permis la mise en place de ce qui va devenir le moyen de communication des services de l’Etat. Pour bien montrer le caractère étatique de cette réalisation, le cadastre napoléonien 1829/1830 de la commune d’Ollioules, indique à l’emplacement du bâtiment du télégraphe : « – section B, parcelle n°525, superficie 16 m2, propriétaire le Gouvernement. »

Remarque importante, ce télégraphe avait déjà une histoire ancienne : en effet en 1419 « la fédération des communes » avait pour mission de faire « farots et gardia ». Le signal avancé se trouvait au sommet du Cap sicié (tour datée de 1352 sur l’esplanade de ND du Mai) pour assurer la surveillance de la côte et signaler l’arrivée des envahisseurs. Cette fédération militaire mise en place dès le XIIIe siècle réunissait les communes de Toulon, Ollioules, Evenos, la Cadière, le Beausset, six-Fours, le Revest et Tourris, déjà une forme de  S.I.V.O.M. Les signaux : la fumée le jour, le feu la nuit étaient transmis de poste en poste jusqu’à la Sainte Baume. (acte de 1419).

lescheminsdupatrimoine@orange.fr

Edition 2012 - Le Guide Sainte-Baume