Ma porte dorée
Quand on grandit à la Cadière, pas très loin de la mer aux golfes clairs, il arrive qu’on lui tourne le dos, parce que c’est de l’autre côté qu’on regarde…C’est mon cas, je vous l’avoue ; je regarde alors vers ma montagne sacrée.
Un peu un rituel, quand je sors de la rue principale de mon village, un panorama extraordinaire s’offre à mes yeux : la barre de la Sainte-Baume. Cette montagne que l’on peut voir dès le bord de mer et qui se dresse fièrement devant nous.
Elle émerge de la plaine agricole, au milieu d’une mer de vignes.
Elle est mon horizon, mon phare, mon Baou calcaire, mon adret… Comme une boussole qui donne le cap (au sud, bien entendu…).
Elle est là, au loin, elle me rassure et m’enveloppe de sa bienveillance. Cette montagne est un refuge qui console, si besoin.
La Sainte Baume est couchée « en travers », comme un animal qui dort. Ses vagues minérales se dessinent sur ses flancs comme un pelage qui frissonne au gré du vent, et qui change de couleur selon la météo.
Parfois les nuages s’y enroulent et forment comme une écharpe blanche, ou ce sont les flocons en hiver qui la saupoudrent, quand il neige.
La Sainte-Baume est aussi une barrière météorologique, une porte vers le nord (L’Ubac), et un bouclier qui défend le sud des agressions du froid.
Son antenne c’est le ballon radar blanc que l’on voit là-haut à l’Ouest.
Tous les soirs, quand le soleil se couche, il se prosterne à sa tête ou à ses fesses, selon notre situation. Si on considère que le « Paradis » est sa tête, ou, si c’est plutôt le « Pic de Bertagne », à chacun sa perception.
La nuit, tous ses habitants -très discrets le jour- sortent et la peuplent densément. Une faune sauvage rare et des animaux communs cohabitent et vivent mille aventures, loin des hommes, pendant que la lune l’éclaire et la chatouille.
Cette montagne est loin et proche à la fois, offerte et si mystérieuse avec ses contes & légendes*.
Elle est mythique, mystique, parfois païenne.
Quand on vit du côté sud, on la contourne, pour mieux y grimper, on la caresse, on passe sur son échine, en prenant le col de l’Espigoulier avec ses lacets si chers aux motards.
Si j’ai l’âme aventurière, je me mets en route pour la rejoindre, ça n’est pas tout près, elle se mérite après 45 minutes de route.
J’y reviens dès que je le peux, avec un seul but : revenir à l’essentiel ! Je joue à chat pour arriver jusqu’à son point le plus haut. Allez, je vous le confie, c’est presque une relation sensuelle entre nous.
Je l’aime tellement que je suis honorée de la parcourir à pied, elle me donne de la force.
Une énergie sauvage se dégage de ses entrailles.
Il est doux de lui confier mes doutes et d’évoquer mes maux en la foulant ; en fait, je la consulte comme un mage, un sage ou un thérapeute…Elle est solide et toujours à l’écoute.
C’est un passage ressourçant qui me permet de me remettre les pieds sur terre avec une aspiration à la spiritualité. Il fait bon s’y « élever » même si on n’est pas croyant, au sens religieux du terme…
Elle nous conduit à l’Eveil… A un nettoyage de l’âme. Pour moi, c’est un « reset » puissant et durable.
Mais depuis quelques temps les acteurs du Guide de la Sainte-Baume, que nous sommes, s’inquiètent. Nous partageons, nos bonnes adresses, nos sentiments, des informations utiles, nos expériences, notre vécu, concernant ce site exceptionnel (protégé par une classification de Parc Naturel Régional**) mais qui est de plus en plus fréquenté.
Alors, merci de RESPECTER ce sanctuaire et de ne pas y aller pour le salir, le polluer ou le démystifier. Ce site fait partie de notre patrimoine naturel, spirituel et personnel. Qu’on se le dise, nous sommes là pour transmettre un relais, nos connaissances, et perpétuer le Bon & le Beau pour l’éternité.
Rappelons-nous qu’il faut savoir prendre de la hauteur en toute circonstance, surtout en ces temps qui vont si vite…
Prenons le/notre temps en faisant du mieux possible, s’il vous plaît, merci.
Edition 2023 - Sophie Duquenne