L’Arbousier, un arbre ressource

L’Arbousier, un arbre ressource

L’Arbousier, un arbre ressource

Connu et utilisé depuis l’Antiquité, il était surnommé l’arbre miracle ; associé à l’immortalité, il était d’ailleurs, chez les Romains, sacré, car symbole d’éternité grâce à son feuillage toujours vert et luisant. Des rameaux étaient déposés sur les cercueils ; plus proche de nous, il est symbole de loyauté en Corse. Sur l’Ecusson de la ville de Madrid, un ours gourmand se lève sur ses pattes postérieures pour déguster des baies sur l’arbre…Il reste symbole d’espoir, d’hospitalité et de joie, pensez-y !

L’arbousier, ou arbre aux fraises, fraisier du maquis, frôle, olonier, darboussié, tarboussier, au feuillage persistant, se retrouve un peu partout dans notre garrigue.

Ce petit arbre appartient à la famille des Ericaceae (qui regroupe les canneberge, myrtille, airelle, rhododendron ou encore la bruyère).

Il présente de nombreux atouts, en voici quelques-uns :

C’est un arbre ressource pour notre climat méditerranéen, il peut mesurer de 3 à 5 mètres de haut. Il comprend au moins 14 espèces, dont voici les deux plus répandues chez nous : « l’Arbutus andrachne » aux fleurs blanches qui ressemblent à des grappes de clochettes, et «l’ Arbutus unedo – en latin» je n’en mange qu’une (tout abus peut être toxique), leur tronc brun vire sur le rouge dans les hautes branches.

L’écorce est grise et brunâtre à la base, elle se craquelle et a tendance se détacher du tronc, en lamelle, comme le bois des ceps de vigne. Son bois dur et plutôt dense, présente un intérêt pour les artisans avec un veinage d’une extrême finesse ; il est donc apprécié pour façonner des objets décoratifs.

L’Arbousier a une particularité intéressante, il a une capacité à produire simultanément fleurs et fruits matures, avec une floraison et une fructification hivernale, généralement d’octobre à Janvier, ce qui lui donne un petit air de sapin de noël avant l’heure !

Le degré de maturité des baies sur une grappe n’est pas forcément le même, ce qui permet d’en ramasser pendant plusieurs semaines sur le même arbre.

Les petits mammifères, les oiseaux, et en particulier, la grive et le merle, sont friands de leurs fruits colorés et sucrés. Nous en retrouvons en Corse, en Provence, sur la côte Atlantique du sud-ouest.

Une boule verte apparaît, grossit, puis jaunit, puis rougit. Ce fruit se récolte quand il est bien mur, soit bien rouge-orangé et plutôt mou. Les arbouses (1 à 2 cm de diamètre), sont légèrement sucrées avec une chair un peu pâteuse avec des picots rugueux sur sa peau, qui ne sont pas très agréables sur la langue, mais essayez, le goût est assez naturel et délicat… La cuisson amplifie sa saveur ; crue, la baie est un peu difficile à digérer. Elle est riche en fibres, en vitamine C, vitamine A (bêta-carotène) et en antioxydants, avec également des propriétés astringentes. Nous pouvons en faire des confitures, des compotes, des gelées, de la liqueur, de l’eau de vie, et les utiliser en pâtisserie, souvent plus appréciées quand elles sont « filtrées » ou passées au « chinois », à cause de ses petits pépins. Nous pouvons aussi en faire du vinaigre, si les fruits sont fermentés. Selon les régions, du vin d’arbouse est également produit.

Cet arbre est souvent considéré, à tort, comme invasif, donc coupé ou ignoré, quelle erreur !
Il a un impact positif sur le milieu naturel, il est adapté à notre climat chaud et sec, cet arbre a une empreinte écologique importante. Il a une très bonne résistance à la pollution.

L’arbousier est très résistant, avec, la hausse des températures, la sécheresse, il est exemplaire, car il n’a pas beaucoup besoin d’eau ; même sur un sol pauvre, une terre argileuse, nous le retrouvons en buisson épais… Il présente donc un atout pour la préservation des forêts méditerranéennes. Son système racinaire est très profond, avec des racines, de couleur rouge, qui sont pivotantes et peuvent atteindre dix mètres. Après le passage d’un incendie, il lutte favorablement contre l’érosion des sols, ce qui est précieux après de fortes pluies. D’autre part, il se régénère très vite, à partir de ses rejets, ou de souches au ras du sol.

L’arbre est « pyrofile » (qui aime le feu), il supporte bien le vent et résiste aux tempêtes.

Les abeilles adorent butiner ses fleurs mellifères, ces mêmes fleurs qui donnent un miel amer très prisé, qui se marie bien avec le café, sans en changer le goût.

Cet arbuste est aussi une plante médicinale. Son écorce est diurétique, ses feuilles (riches en tanins), qui se récoltent en été, peuvent être infusées. Son écorce et ses fruits sont astringents et antiseptiques, ils peuvent lutter contre la diarrhée.

Nous pouvons également l’utiliser en phytothérapie pour composer des gélules pour soulager des spasmes intestinaux et digestifs. Toutes les parties de l’arbre ont un usage médicinal particulier : sa racine est utilisée en décoction, contre l’hypertension ; elle a des propriétés anti-inflammatoires, voire même une efficacité contre les rhumatismes.

Il y a très longtemps, les feuilles, comme l’écorce, servaient au tannage des peaux. En Espagne, les branches feuillées sont mises en saumure pour mieux conserver les olives.

Bref, un arbre RESSOURCE vous l’aurez compris !

D’ailleurs depuis Mars 2021, il existe une Structuration d’une filière de valorisation de l’arbousier– PNR Sainte-Baume @sources© Stéphanie Singh

« Grâce au soutien financier de l’Union Européenne et de la Région Sud (programme LEADER) le Parc a lancé une expérimentation ayant pour objectif de valoriser les produits issus de l’arbousier (fruit, feuillage, écorce, bois) afin d’impulser une dynamique territoriale autour de cet arbuste méditerranéen présent de manière sporadique au sein de quelques secteurs forestiers sur le périmètre du Parc.

Cette étude de filière autour de la valorisation de l’arbousier s’inscrit dans le souci de faire de la forêt un levier de développement économique pour le territoire et de valoriser les espaces forestiers particuliers. Elle répond également à la volonté du Parc et de ses partenaires d’encourager les initiatives de valorisation des produits du territoire permettant ainsi de développer de nouvelles filières économiques locales.

Un livret sera distribué sur tout le territoire du PNR, pour faire connaître cette démarche novatrice, porteuse dans un second temps d’une valorisation économique en cas de réussite des tests ».

Pour en savoir plus et vous documenter à ce sujet, visitez le site : https://www.pnr-saintebaume.fr/ et plus particulièrement : https://www.pnr-saintebaume.fr/?s=arbousier

Edition 2024 - Sophie Duquenne