A propos du Pin...
Après avoir traversé la garrigue, porté par le parfum du thym et du romarin, je pénètre enfin dans l’ombre de la pinède, grande cathédrale ouverte aux quatre vents.
Ce qui m’impressionne le plus, c’est de cheminer ainsi sur un épais tapis d’aiguilles croquantes sous mes pas. J’ai la sensation de marcher sur un nuage ; une odeur, plutôt un parfum de résine me monte à la tête : cela devient vite enivrant, presque étouffant.
Petit à petit je m’habitue, comme le ferait un écureuil ou un rouge-gorge, la pinède m’a enfin accepté.
Des pins, en Provence, il y en a plusieurs, mais celui dont je vous parle c’est le Pin d’Alep, le mal aimé, soi-disant responsable des feux, alors que c’est bien souvent le seul qui reste après le ravage, le seul pour donner encore ses enfants aux collines meurtries.
Avez-vous entendu chanter la pinède. Et bien la prochaine fois que vous irez la visiter, écoutez bien… On a l’impression que toutes ses aiguilles jouent ensemble du même instrument : la Pinède est accordée et le vent porte sa mélodie de vallons en vallons, ponctuée par le grésillement des cigales.
Enfin, lorsque le soir descend sur notre douce Provence, les pins dessinent à l’horizon des ombres chinoises sur les collines comme des caravanes en route pour le soleil couchant.
Edition 2019 - Christian Vacquié