Une pierre antique au Plan D’Aups
La conquête de la Provence par Jules César et l’attribution de terres aux vétérans de la légion romaine ont permis l’installation de vastes domaines agricoles, les « villae » (gallo-romaines) particulièrement nombreuses dans le massif de la Sainte Baume ; pour Plan d’Aups-Sainte-Baume : Béthanie, Le Plan, La Grande Bastide, Giniez, Les Béguines, Saint Cassien… Leur répartition dépendait des sources nécessaires à la vie des hommes et du bétail ainsi qu’à la fertilité des sols. Dédiées aux déesses-mères nourricières, les « Matres » (ou Mères), on y célébrait des cultes (païens) afin de s’attirer leurs bonnes grâces.
Sous le porche de l’église, contre le mur, on peut voir une étrange pierre gravée. Il s’agit en fait d’un autel votif qui se trouvait autrefois, non loin de là, à Sainte Germaine, en bordure d’un bassin bordé de peupliers qui recueillait les eaux d’une source. Il servait de « pierre à laver ». L’usage et les intempéries avaient en partie effacé les lettres latines encore visibles sur l’une de ses faces. Déjà mentionné en 1848 par l’abbé Faillon, il a été identifié par l’abbé Bargès en 1872 et transporté au village. D’après le caractère des inscriptions, une datation fut proposée : 2ème siècle de notre ère (période des Antonins) correspondant à celle de la villa de Giniez. Déposé à l’église, il a été classé « Monument Historique » par arrêté du 9 janvier 1929.
Que nous apprennent les inscriptions ?
MATRIBU[S] / ALMAHABU[S] : Envers les Mères d’Almaha.
Almaha pourrait être le nom primitif de la source et dériverait d’un toponyme pré-indo- européen : (castrum) Almis, devenu l’actuel (Plan d’) Aups.
SEX[TUS] VIN[D]IU[S] / SABINUS / : nom propre.
S. L. M. : abréviation habituelle de Votum Solvit Libens Merito :
s’est acquitté de son vœu de bon gré et à juste titre.
L’histoire n’a pas retenu l’existence de Sextus Vindius Sabinus (peut-être le propriétaire de la villa de Giniez?). On ne connaîtra jamais la nature de son vœu (en remerciement pour la prospérité accordée?). Des sondages archéologiques réalisés par le Centre archéologique du Var à la demande de l’Ecomusée ont permis de retrouver les vestiges de cette exploitation.
Mais avec bien d’autres vestiges, cet autel témoigne d’une importante présence romaine dans la région.
Edition 2021 - Alain Bontemps – Ecomusée de la Sainte-Baume