Sanctuaire

Sanctuaire

Sanctuaire

Source, arbre, rivière, rocher, mont… dotés par l’homme d’un « pouvoir » qui en émanerait, chacun peut devenir sanctuaire. De quel pouvoir s’agit-il ? Beauté, étrangeté, mystère, comme un excès de nature, ce pouvoir lui échappe, le submerge, l’envahit, et l’homme préfère faire du site, lieu ou objet, un allié. Il l’extrait ainsi du naturel, du profane, du quotidien, le délimite, et rend le lieu, le site, l’objet, « sacré ».

Du fait que ce lieu ou objet a suscité à l’origine un éblouissement, on le chamarre souvent d’ors, pour rendre sa manifestation plus éclatante. Mais parfois le sanctuaire déclaré parle simplement à l’intime, à l’âme, au cœur de celui qui passe. Comme au Japon par exemple, où l’humble mousse, sous toutes ses formes, et d’âge plus que multimillionnaire, est sanctuarisée, et pour qui chaque geste ou intervention humaine se destine à sa louange.

Au cœur de la montagne de la Sainte-Baume, dont elle a pris le nom, se trouve la grotte (baumo), dite de Marie-Madeleine. La Sainte-Baume tout entière, avec sa forêt (quasi) primaire, est sanctuarisée : nul n’y pénètre sans révérence, mieux, nul n’y va par hasard, chacun qui y pénètre sent qu’en l’approchant, l’âme et le corps vont s’y transformer. Dans son cœur, la grotte par excellence de la chrétienté d’Occident, où Marie-Madeleine concentre en elle le mystère de la femme et de la sainte. 

Merveille de cohérence, la grotte prolonge ainsi le temple d’Artémis, étrange déesse à la fois de la virginité et de la fécondité, elle reste dans la droite ligne de la louange à la féminité sacrée, qui reste le plus grand mystère pour les hommes

Edition 2023 - Odile Solomon