Louis IX en pèlerinage à la Sainte-Baume

Louis IX en pèlerinage à la Sainte-Baume

Louis IX en pèlerinage à la Sainte-Baume Louis IX en pèlerinage à la Sainte-Baume

Louis IX (1214-1270, Roi de 1226 à 1270) canonisé en 1297 Saint-Louis

« Li roys s’en vint par la contée de Provence jusques à une cité que l’on appelle Ays en Provence, là où l’on disait que li corps à Magdeleinne gisoit ; et fumes en une voute de roche moute haute, là où l’on disait que la Magdeleinne avait été en hermitaige dix-sept ans. » Ces quelques lignes de Joinville, chroniqueur et compagnon du règne de Louis IX semblent être la seule trace de la visite royale à la future Sainte Baume. C’est aussi sans doute la première visite d’un roi de France en ce lieu.

Le Roi avait quitté Acre (aujourd’hui ville d’Israël sur la méditerranée, au nord d’Haïfa, en Galilée) le 24 ou 25 avril 1254.Le voyage par mer, périlleux à cette époque, fût marqué par les tempêtes, les sautes de vent, l’échouage sur un banc de sable à Chypre, un incendie à bord de la nef royale au large de la côte varoise, un homme à la mer, etc. Le navire royal accoste à Hyères, et plus précisément aux salins d’Hyères, le 10 juillet de la même année. Hyères est à l’époque terre d’Empire (Empire romain germanique) et sur la côte méditerranéenne Aigues-Mortes est le premier port qui soit sur la terre de France, « sa terre ». C’est de ce lieu qu’il était parti pour la croisade le 25 août 1248.

Revenant de la Terre Sainte, avec sa femme Marguerite de Provence, et ses trois enfants, le roi, après avoir refusé de débarquer le mercredi et le jeudi, accepta enfin de descendre en terre d’Empire, sur les conseils de son entourage qui fit valoir que le voyage jusqu’à Aigues-Mortes pouvait durer jusqu’à sept semaines outre les risques du voyage pour la dynastie. Le roi a séjourné plusieurs jours à Hyères, et sa visite à la Sainte Baume doit donc se situer dans les dix derniers jours de juillet 1254.

Cette visite du sanctuaire se situe dans un contexte particulier : le roi est abattu par l’échec de la croisade, le souvenir de la dysenterie qui l’a frappé durement comme tout l’ost (l’armée) et tout particulièrement par sa captivité ; il est en effet capturé le 6 avril 1250 à Mansoura (en basse Égypte sur la rive du Nil) et libéré contre rançon le 6 mai de la même année. Le roi voit dans ces différents évènements un signe : Dieu lui enjoignant de faire son salut et celui de son peuple. Ces devoirs, pour un monarque empreint de religiosité depuis sa tendre enfance, lui avaient été rappelés par un moine cordelier, Hughes, lors d’un sermon que ce dernier avait prononcé à Hyères durant le séjour de Louis dans le castel de la ville. Selon l’historien Jacques Le Goff, c’est à ce tournant que se situe « le programme politique de la dernière période de son règne ».

Il est tentant de penser que la visite du roi à la Sainte Baume, première étape sur la route de Paris fut la concrétisation du renforcement de sa foi.

Edition 2014 - Jean-François Dufour