Retrouver le chemin de notre âme

La voie de l'âme

Anne-Laure Le Borgne – Editions Artège

De passage à la Sainte-Baume en mai dernier, j’ai rencontré des gens qui aiment goûter au silence de ses sous-bois, d’autres qui se passionnent pour la richesse de son histoire, d’autres enfin qui apprécient le défi sportif de ses sentiers escarpés : que cherchent tous ces promeneurs et qu’ont-ils en commun ? Peut-être ont-ils tous plus ou moins consciemment perçu que nous vivons la plupart du temps comme à la surface de nous-mêmes, et que nous avons urgemment besoin de replonger en notre sanctuaire intérieur : de retrouver la voie de notre âme.

C’est le propos du livre que je venais présenter à l’Hôtellerie, à l’occasion de la 4ème journée littéraire de la Sainte-Baume. Notre époque en effet semble bien présenter des caractéristiques propices à nous faire perdre le chemin de notre âme ! En partant de l’idée que ce sanctuaire intérieur est accessible par trois voies différentes – l’intelligence, le cœur et le corps – le livre aborde tour à tour chacune de ces trois voies, d’abord afin d’établir un diagnostic précis des obstacles qui nous empêchent de les emprunter, puis afin de trouver des solutions pour les surmonter : des défis simples et concrets sont proposés au lecteur.

La voie de l’intelligence est obstruée par l’omniprésence du numérique dans nos vies : nous avons la responsabilité de retrouver une pensée libre et solide pour ne pas être le jouet des opinions et des influences de toutes sortes. Le silence de la Sainte-Baume nous y aide.

La voie du cœur est entravée par un rétrécissement inédit de la culture : nous devons nous enraciner dans un terreau culturel pour endiguer le déferlement de violence que nous voyons surgir alors que l’empathie semble avoir disparu. La richesse de l’histoire de la Sainte-Baume est une belle porte d’entrée dans la culture de notre pays.

La voie du corps est encombrée par un surprenant éloignement du réel : à nous de renouer avec les limites de notre condition humaine pour occuper joyeusement notre juste place dans l’espace et dans le temps. L’essoufflement ressenti lors de l’ascension à la grotte nous fait ressentir la vraie mesure de nos forces.

Il est important de réinvestir ces trois voies non pas pour elles-mêmes, mais parce qu’elles nous permettent d’atteindre et d’habiter notre âme, qui est le lieu de la Rencontre, le « temple de l’Esprit Saint ». Saint Augustin en fait l’expérience dans Les Confessions: « Tard je T’ai aimée, Beauté ancienne et si nouvelle ; tard je T’ai aimée. Tu étais au-dedans de moi et moi j’étais dehors, et c’est là que je T’ai cherchée. »