Histoires d’eau en Provence Verte
Parmi les marqueurs forts de l’identité du territoire de Provence Verte, l’eau figure en bonne place : inscrits dans le paysage, c’est d’abord le massif de la Sainte-Baume, château d’eau de la Basse-Provence mais c’est aussi le territoire de naissance du grand fleuve varois, l’Argens et de l’existence d’un réseau hydrographique riche de nombreux barrages de tuf, sites de cascades, qui sont autant de lieux riches en biodiversité.
De tous temps, la maîtrise de l’eau a suscité quantité d’aménagements : il a fallu capter les sources, construire des galeries drainantes, des citernes, édifier des aqueducs et des fontaines, creuser des puits, dériver l’eau à des fins d’arrosage ou pour actionner de petites fabriques, moulins à farine, à drap, à tan, à plâtre, utiliser son énergie dans les tanneries et les papeteries, l’utiliser glacée non seulement dans le massif de la Sainte-Baume mais dans quasiment tous les villages du territoire qui se sont équipés de glacières aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il a fallu apprendre à la franchir grâce à des ponts, petits ou grands, des gués, construire écluses, lavoirs…
L’eau peut aussi être dévastatrice. Le climat méditerranéen implique qu’en la matière, on oscille de façon permanente entre excès et rareté. La maîtrise de l’eau comme facteur d’érosion a rendu nécessaire l’aménagement des versants des collines et la présence généralisée de terrasses de culture aujourd’hui abandonnées et souvent peu lisibles avec l’extension de la forêt.
L’eau est non seulement l’occasion d’une grande inventivité humaine, mais c’est aussi et fondamentalement un élément indispensable à la vie. Aux abords de nos sources s’identifient souvent stations préhistoriques, villas gallo-romaines, bastides médiévales puis modernes. Il ne faut pas s’étonner qu’elle ait été l’objet de représentations et de pratiques cultuelles mais aussi de conflits incessants.
En publiant le cahier « Histoires d’eau en Provence verte », l’association d’Histoire Populaire Tourvaine a souhaité contribuer à la connaissance de ces réalités. L’appropriation de l’histoire du territoire par les gens qui l’occupent est un enjeu important : elle est indispensable à qui veut déchiffrer un paysage, un aménagement le plus minime soit-il, pour comprendre la réalité présente mais aussi imaginer un futur pour son environnement. Pour ce faire, de nombreux spécialistes, historiens, archéologues et géologues ont contribué à l’ouvrage “Histoires d’eau en Provence”*. Leurs apports permettent d’éclairer certaines zones géographiques de ce grand territoire de 39 communes et même d’évoquer l’actuelle place de l’eau dans son aménagement.
*Ouvrage disponible sur commande à ahpt83@gmail.com
Voir aussi http://histoirepopulairetourvaine.com/ et https://www.facebook.com/Association-dhistoire-populaire-Tourvaine-1229322440516382/
Edition 2021 - Claude Arnaud - Historien