Des biodéchets et des hommes… Le métier de Maître composteur, un métier de sens
En vous baladant dans la forêt domaniale de la Sainte Baume vous aurez remarqué cette odeur riche et boisée… Elle se dégage en grande partie du sol ! L’humus, matière vitale pour la végétation, est cette terre créée par la décomposition de la faune et de la flore… Sans lui, aucun chêne ni hêtre ne pourraient subsister. Et c’est en même temps par eux que l’humus se créé.
Ce cycle harmonieux a malheureusement été bafoué depuis plus d’un siècle par nos habitudes modernes de consommation. Le déchet organique plutôt que de repartir dans cette boucle fertile a été malheureusement enfoui ou incinéré avec d’autres déchets, causant aujourd’hui des désastres environnementaux. Désormais, le compost renaît de ses cendres ! Façonné par l’homme, il n’est rien d’autre que cet humus si précieux…
Mon métier est celui de Maître-composteur… « Quesako » ? En effet celui-ci n’est pas encore très connu et pour cause : la gestion des déchets et plus particulièrement celle des biodéchets est devenu un véritable enjeu reconnu depuis seulement quelques années dans notre région.
On se rend compte aujourd’hui que cette gestion est essentielle dans ce monde qui s’est coupé du lien avec le vivant depuis tant d’années et commence à en payer le prix fort au niveau environnemental !
Alors qu’en est-il concrètement ? En 2015 la loi de Transition Energétique pour une Croissance Verte (LTECV) exigeait que le tri à la source des biodéchets devienne obligatoire pour tous dès 2025. Cette date a été récemment avancée au 31 Décembre 2023 par la loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire (AGEC) datant du 10 février 2020 !
Pourquoi cette urgence ?
Le tri à la source des biodéchets évite le gaspillage énergétique lié à l’incinération de ces derniers (qui revient à « brûler de l’eau » dont ils sont principalement chargé), limite la pollution des sols et des eaux (notamment liés aux lixiviats, les jus libérés par ces déchets chargés en métaux lourds du fait de leur stockage) et également les émissions de gaz à effet de serre (la fermentation des biodéchets dans un milieu privé d’oxygène entraîne de fortes augmentation de méthane dans l’atmosphère).
A l’échelle individuelle, les effets sont immédiats car composter permet de diminuer de près d’un tiers le contenu des ordures ménagères tout en réduisant également les trajets en déchetteries pour l’évacuation des déchets verts !
De plus, le compostage de nos déchets représente une véritable réponse aux enjeux de l’économie circulaire où ici le déchet devient une ressource valorisable.
En effet, il faut savoir qu’à chaque fois que nous jetons des restes alimentaires dans les ordures ménagères nous jetons un or précieux. La valorisation de nos déchets organiques via la méthode du compostage permet d’obtenir un fertilisant naturel et local se substituant parfaitement aux engrais de synthèse, utilisable par tout type d’agriculture.
Le développement des pratiques de compostage de proximité est également un vecteur de lien social, en ce qu’elles réunissent les personnes d’une même zone d’habitations autour d’une activité commune, rythmée par des instants festifs tout au long du processus de compostage (ateliers pédagogiques, « apéros compost » lors de l’inauguration, des retournements et des distributions du compost mûr)
Bref, le compostage a de précieux atouts sur tous les plans : environnementaux, économiques et même sociaux !
Ainsi mon rôle en tant que maître composteur est celui d’accompagner, sensibiliser et former chaque type de public à la pratique du compostage. Des particuliers aux entreprises, en passant par les écoles, les crèches, les EHPAD et les administrations, chaque acteur de notre territoire peut et doit trouver sa solution de compostage de proximité qui lui convient le mieux. La sensibilisation au gaspillage alimentaire et à la pratique du jardinage au naturel fait également parti de mon domaine d’intervention.
Car au-delà de l’acte purement matériel résonne un changement plus profond dans cette pratique : celle de notre perception du monde vivant. En ce sens, composter est véritablement une approche saine et respectueuse du cycle de la vie ! Et de cette façon si l’on veut lui rendre hommage l’homme doit réapprendre à prélever dans la Nature ce qu’il lui est nécessaire et suffisant et savoir ensuite le lui rendre.
Ayant toujours été sensible à l’environnement je suis « tombée » dans le compostage non sans hasard après divers chemins empruntés depuis la fin de mes études universitaires en Philosophie. Avec l’envie déterminée de me lancer dans un métier de sens, j’ai d’abord suivi la formation de « Guide Composteur » au sein de l’ADEME en 2018. Puis après avoir été embauchée en collectivité en tant qu’ambassadrice de tri, j’ai validé ma formation de « Maître composteur » en Avril 2020 et me suis enfin lancée dans l’aventure de l’entreprenariat au mois d’Août suivant. J’ai créé ainsi ma micro-entreprise Vers Ma Terre, qui a pour vocation d’étendre au mieux la pratique du compostage sur notre territoire de la façon la plus éthique et pédagogique possible.
Membre du Réseau Compost Citoyen (National et Provence Alpes Côte d’Azur) qui est un réseau d’acteurs de la gestion de proximité des biodéchets, je participe à la dynamique de développement de la filière du compostage de concert avec les autres représentants régionaux. En tant que représentante du département varois je suis mobilisée sur des actions communes à échelles nationales et européennes telles que la Semaine Européenne de Réduction des déchets (SERD) ou l’évènement « Tous au Compost » pour faire vivre cette pratique sur notre riche et beau territoire.
Alors à vos marques, prêts… compostez !
Vers Ma Terre – 06 72 27 16 39 – 4, Avenue de la Ferrage 83170 ROUGIERS – versmaterre@gmail.com – www.versmaterre.com
Edition 2021 - Carolyn LEGG - Vers Ma Terre