Mythologie, quand tu nous tiens !
La mythologie gréco-romaine a souvent été une source d’inspiration pour dénommer les plantes (et aussi les animaux), en raison de leurs propriétés (réelles ou supposées), de leur aspect ou d’anecdotes les concernant. La Sainte-Baume nous donne de nombreux exemples qu’il est plaisant d’évoquer.
L’Achillée millefeuille, l’« herbe à coupures », est utilisée depuis l’Antiquité pour favoriser la cicatrisation des plaies. Le héros grec Achille s’en serait servi pour soigner les blessures de ses soldats pendant la guerre de Troie.
L’Armoise vulgaire, « Artemisia », est la plante d’Artémis, protectrice des femmes en couches. Emménagogue, elle était autrefois utilisée pour régulariser les cycles féminins.
La Belladone est une plante toxique dont le nom scientifique, « Atropa », est dédié à celle des trois Parques qui tranche les fils de la vie.
La Berce commune (ou Patte d’oie), « Heracleum sphondylium », s’identifie à Héraclès par sa grande taille et sa robustesse.
La Petite Centaurée (du genre Erythrea, différent de Centaurea), fraîchement cueillie et pilée, est réputée pour « refermer plaies et ulcères ». Ses propriétés vulnéraires auraient été découvertes par le centaure Chiron blessé par une flèche d’Héraclès (voir 2e photo ci-contre).
La Cupidone bleue (1ere photo ci-contre © Ecomusée de la Sainte Baume – « L’herbier de Sabine ») ou Cigaline est le nom français (et plus poétique) de la Catananche (en grec : « qui incite à l’amour »). Dans l’Antiquité, cette plante entrait dans la composition de filtres d’amour. En frottant les bractées membraneuses de son involucre floral, on imite le « chant » de la cigale.
La Daphné lauréole rappelle l’histoire de la nymphe aimée d’Apollon qui fut métamorphosée en Laurier pour lui échapper.
La Mercuriale pérenne prospère dans la forêt. Son nom d’« herbe à Mercure » viendrait du dieu romain des voyageurs, en raison de la dispersion rapide de son pollen.
La Sarriette des montagnes, aux propriétés aphrodisiaques, est l’ « herbe aux Satyres » (Satureia). Son nom provençal de « Pèbre d’aï » (poivre d’âne) vient du fait qu’on en donnait à manger aux ânes mulassiers pour les stimuler et favoriser l’accouplement.
Vénus, déesse de la beauté, a laissé son nom à plusieurs plantes : une Campanulacée messicole, la Spéculaire ou Miroir-de-Vénus, le Nombril-de-Vénus, aux feuilles rondes crassulescentes, qui décore rochers et vieux murs, une Ombellifère, le Peigne-de-Vénus, à cause de la forme de ses fruits, ainsi que le Sabot-de-Vénus, une Orchidée très recherchée par les amateurs.
On peut également citer : l’Adonis, l’Anémone, le Narcisse des poètes…
Les rapports ont toujours été très étroits entre la nature et la mythologie.
Edition 2023 - Alain Bontemps - Ecomusée de la Sainte Baume