Méditer en Sainte-Baume, comme Marie Madeleine ?
Terre sacrée, lieu de fécondité, de ressourcement, de pèlerinage, de pratique sportive … la Sainte-Baume est parcourue pour mille raisons différentes. Mais ce qui frappe en pénétrant dans la forêt de Sainte-Baume, c’est l’intensité de la nature. Arbres, rochers, humus, vent, fontaines, flore et faune, tout vibre intensément et invite à une relation privilégiée avec le lieu. Alors, pourrions-nous y méditer comme a pu le faire Marie-Madeleine lors de sa retraite dans cette « terre-montagne » ? C’est ce que suggérait Jean-Yves Leloup à l’automne dernier, dans une conférence sur l’écosophie.*
Dans ce cocon propice à la méditation, tourner le regard vers l’intérieur, aller au cœur de l’être pour percevoir de manière subtile ce qui est vivant en soi.
La nature, à travers ses éléments, nous enseignerait-elle sur notre propre nature ?
Ne suis-je pas terre, humus dans lequel la graine va s’enfouir pour germer et éclore au printemps ? Dans tout corps existe un lieu de fécondité. Puis-je le découvrir, le percevoir et l’écouter, au plus intime de moi ? Ne suis-je pas rocher, minéral qui constitue mes os, ma structure osseuse, ma solidité ? Ne suis-je pas arbre, plongeant mes racines dans la terre et m’élançant vers la lumière, vers des hauteurs infinies, faisant le lien entre le ciel et la terre, entre le lointain extérieur et le profond intérieur ? Comme l’arbre qui communique avec ses congénères à travers son système racinaire, ne suis-je pas en relation avec les autres, en interdépendance et solidarité ? Et cet air, qui entre et sort de moi à chaque respiration, n’est-ce pas ce souffle qui passe à travers moi, dont on ne sait d’où il vient ni où il va ? Est-ce lui qui élevait Marie Madeleine au Saint Pilon sept fois par jour, comme nous l’affirme la tradition ? Et l’eau qui court sur la montagne comme dans ses entrailles, celle des pluies, celle des fontaines, n’est-elle pas onde de vie dans mon corps ?
C’est dans un silence intérieur, au sein d’une nature sereine et bienveillante, que nos perceptions s’affinent et amènent à prendre conscience d’une nourriture particulière que procurent l’union avec la nature, la communion, la contemplation. Dans ce terroir de Sainte-Baume imprégné de sa présence, Marie Madeleine nous offre à méditer en en sa compagnie, sur un chemin de paix, avec soi et avec autrui, un chemin d’union, de communion, à l’unisson de la création.
* J.Y Leloup – La sagesse qui guérit – Albin Michel
Edition 2019 - Marine Sontag