L’intelligence de la nature
La nature est-elle intelligente ? C’est une question à laquelle il est impossible de répondre car cela reviendrait à définir ce qu’est l’intelligence : un challenge !
Toutefois, si la capacité à résoudre des problèmes est une preuve d’intelligence, alors oui, la nature est intelligente !
Cela est d’autant plus vérifiable au sein du règne végétal, car les plantes qui sont incapables de bouger doivent s’adapter aux moindres bouleversements.
Prenons deux plantes présentes sur le territoire du Parc Naturel Régional de la Sainte-Baume. La crépide sacrée, ou herbe rousse (Crepis sancta) est une petite astéracée jaune qui pousse un peu partout dans les friches et les cultures. Comme les pissenlits, cette plante produit des fruits surmontés d’une petite aigrette qui leur permet d’être dispersés par le vent. Des scientifiques ont montré que lorsque l’herbe rousse s’installe en ville, ses fruits sont plus gros que lorsqu’elle habite la campagne. Pourquoi ? Tout simplement parce que les gros fruits vont moins loin, et la graine a plus de chance de trouver un terrain propice près du pied mère. Plus loin, la chance de trouver des terrains bétonnés ou goudronnés est beaucoup plus grande. Cerise sur le gâteau, cette adaptation peut s’observer seulement sur une dizaine d’années !
L’ophrys abeille est une petite orchidée dont l’un des pétales s’est transformé en piste d’atterrissage pour des insectes mâles. Ce label est brillant pour symboliser les ailes d’un insecte femelle. L’orchidée émet aussi des odeurs qui ressemblent à celles de la femelle. Le mâle se fait berner et commence à « copuler » avec l’orchidée. Le but de cette opération est qu’ensuite, le mâle va tenter sa chance sur une autre orchidée en transportant le pollen récolté sur la première. Si toutefois les insectes ne sont pas présents, l’ophrys abeille est capable de « s’autopolliniser » pour assurer sa descendance.
Ces exemples d’adaptation et de stratégies des plantes sont nombreux, et il est très probable que nous n’en connaissions qu’une petite partie. C’est un sujet d’étude fascinant, mais un écueil dans lequel il ne faudrait pas tomber serait de faire de l’anthropomorphisme. Nous avons souvent tendance à rendre la nature humaine et à penser qu’elle peut se comporter comme nous. Cela peut malheureusement nuire à la compréhension des écosystèmes et à la préservation des espèces.
Edition 2025 - Vincent Blondel – Guide naturaliste