Les oiseaux de La Plaine de Cuges

Les oiseaux de La Plaine de Cuges

Les oiseaux de La Plaine de Cuges

Contexte : Une régression généralisée de la biodiversité

A l’heure où nous faisons le triste constat qu’en Europe environ 1/3 des oiseaux ont disparu de nos campagnes ces vingt-cinq dernières années quelle est la situation dans le petit territoire que constitue la Plaine de Cuges ?

Toutes les observations du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et du MNHN (Muséum Nationale d’Histoire Naturelle) convergent, l’agrochimie et la destruction des habitats sont les deux principales raisons de cette diminution. Notre Polje est-il épargné ?

Le facteur principal de cette régression est la perte des habitats : la diminution des prairies, des jachères, des haies, des bosquets, des petites mares, des petits murets, etc., qui sont des habitats capitaux pour la reproduction de nombre d’espèces. Le deuxième processus est l’utilisation de ce que l’on appelle des engrais et les pesticides, avec à la fois les insecticides, mais aussi les herbicides qui en éliminant les plantes, éliminent par ricochet les insectes associés…et quand on sait que dans les milieux ouverts comme le sont les prés et les vignes les oiseaux sont essentiellement insectivores.

La Plaine de Cuges suit-elle cette tendance ?

Oui sans aucun doute, les observations font apparaitre raréfaction ou la désertion du site par certaines espèces encore présentes en nombre il y a moins de vingt ans, et l’emprise du bâti sur la plaine au sud de la RN 8 ne fait que croitre, morcelant ou amenuisant des zones d’habitat naturels des oiseaux

Toutefois il est à noter que contrairement à d’autres territoires agricoles fortement ou le déclin de la biodiversité est lié à une intensification des pratiques, La Plaine Agricole de Cuges subit une tendance à la déprise. En effet la culture de la vigne, largement majoritaire dans les années 1960 a fortement régressé, on observe aujourd’hui de nombreuses friches ou jachères dont nombres sont pâturés régulièrement par des chevaux. Ces milieux sont riches de ressources alimentaires nombreuses et variées aux oiseaux (graines pour les granivores, et insectes sur leurs plantes-hôtes pour les insectivores). De plus ces espaces ne sont généralement pas l’objet de traitements chimiques, les micromammifères (campagnol, taupe, musaraigne etc…) les investissent, constituant les proies des rapaces. A noter également qu’une partie de La culture de la vigne restante est menée selon les règles de l’Agriculture Biologique dont l’impact sur la biodiversité est minime. On trouve toutefois des cultures en mode conventionnel, céréales et fourrages.

2-Les principaux groupes d’oiseaux présents dans la Plaine de Cuges, un classement basé sur l’alimentation et le comportement…

Plutôt que de suivre la classification scientifique (famille, genre, espèce), il est plus concret pour l’observateur qui parcours les chemins ou se poste à sa fenêtre de classer les oiseaux selon leur comportement. En commençant par les plus petits, souvent aperçus furtivement on peut distinguer

  • Les GRANIVORES : petite taille, bec conique et fort pour casser les graines

Le Moineau domestique est encore bien présent près des fermes et centres équestre se réfugie souvent dans les haies. Il profite d’une alimentation liée à nos activités

Le Serin cini, de la taille du moineau mais dont le mâle présente une belle couleur jaune, lance son chant lancinant, gazouillis grinçant et continu généralement perché au sommet d’un arbre

Le Verdier d’Europe également dans les tons jaunes, préfère les arbres et les bosquets

-le Chardonneret élégant, souvent en bande nombreuses l’hiver se régale des minuscules graines de chardons mais également de toutes les graminées…il est capable de piller les graines d’une fleur de tournesol en quelques minutes !

A noter que ces trois dernières espèces, bons chanteurs, étaient il n’y a pas si longtemps des oiseaux que l’on rencontrait souvent en cage….

Au détour d’un taillis en lisière de champ, la famille des Bruants est bien représentée dans la plaine, on peut observer en étant silencieux et discret, le Bruant jaune, le Bruant zizi, le Bruant proyer

Enfin qui n’a pas rencontré les Pinsons des arbres ?

  • Les INSECTIVORES TERRESTRES PERCHEURS : ils chassent plutôt à l’affut, au sol ou du haut d’un perchoir. Peu remuants ils sont assez faciles à observer.

La bergeronnette grise arpente les labours et les chemins en hochant la queue

Le Rouge gorge familier est partout en hiver. Arrivant en nombre à l’automne, le « Rigaou » vient profiter de la douceur de notre climat.

Le Rougequeue noir fréquente bien des milieux pour rechercher sa nourriture, on le repère souvent à sont chant dont une séquence fait penser à un froissement de papier !

Le Tarier pâtre, tête noire et col blanc peut rester longuement immobile au sommet d’un piquet de clôture avant de plonger sur un insecte qu’il retourne déguster sur son perchoir.

-Les Pipits farlouses, souvent invisibles parcourent les champs en rangs serrés, retournant herbes et mottes de leur bec pointu à la recherche de petits insectes de vers, de larves ou d’araignées

  • Les INSECTIVORES-ACROBATES-FARFOUILLEURS : toujours en mouvement, petits et lestes

-Le Pouillot véloce, couleur olive et le minuscule Roitelet huppé, le plus petit oiseau d’Europe (5 à 7 grammes pour 9 cm) sont difficiles à observer tant à cause de leur taille que de leur activité incessante

-Les discrètes fauvettes, évoluant de buisson en buisson sont le plus souvent détectables à leurs cris et leur chant. Mention spéciale pour la Fauvette à tête noire, siffleur hors pair au phrases inventives et sonores qui enchante les campagnes dès la fin mars.

-Mieux connues sont les Mésanges peu farouches qui fréquentent les mangeoires et les jardins. Le TI TI TU TI TI TU de la Mésange charbonnière fait partie des chants synonymes de printemps !

  • Les OPPORTUNISTES ,plus gros, au bec polyvalent, grande diversité d’alimentation

Nous pouvons citer La Pie bavarde, présente dans tous les milieux ouverts, à l’intelligence remarquable ainsi que ceux que l’on rassemble sous le nom de « Corbeaux » représentés à Cuges par 2 espèces au plumage noir qu’un œil et une oreille exercés sauront vite distinguer malgré leur allure semblable :

Le Choucas des tours présent en larges bandes bruyantes et la Corneille noire, moins grégaire légèrement plus grande qui semble ramer dans notre ciel…

Il ne faudrait pas oublier dans ce groupe, bien présent dans la plaine, l’Etourneau Sansonnet, se déplaçant parfois en vols de plusieurs milliers d’individus dont les évolutions d’ensemble font naitre des nuages vivants fascinants.

  • Le petit groupe des AERIENS : Très rarement posés

Ce sont des insectivores chassant en vol, ils ont donc un bec s’ouvrant largement pour gober leurs proies

Hirondelle rustique, gorge rousse et longue queue bifide  , Hirondelle de fenêtre noire et blanche nichant dans le village et Martinet noir dont on connait les courses poursuite et les cris stridents dès le mois de mai

  • Les COLORES,

Absolument impossible de les confondre avec d’autres groupes tant leurs couleurs vives d’oiseaux exotiques les rendent remarquables !

Le Rollier d’Europe, chasseur à l’affut de gros insectes est bleu, turquoise et brun . Il revient d’Afrique au printemps et niche dans la plaine depuis plusieurs années

La Huppe fasciée, orange, noire et blanche arpente les sols découverts qu’elle fouille de son long bec recourbé. Son cri, HOUP HOUP HOUP est unique.

  • Les PIGEONS

Bien représenté à Cuges, le Pigeon biset domestique et les Tourterelles Turques fréquentent autant les zones urbanisées que la Plaine agricole ou ils viennent glaner des graines aux alentours des fermes et centres équestres.

Le Pigeon ramier ou Palombe, est plus forestier mais on observe souvent son vol rapide et rectiligne dans notre ciel

  • Les RAPACES DIURNES

La plaine est un bon terrain de chasse pour ces oiseaux carnivores, on observe très souvent faisant « le saint Esprit » face au vent au-dessus des champs, guettant un rongeur, le Faucon Crécerelle , le plus commun de nos rapaces.

L’Epervier d’Europe plus massif, niche dans les bois mais chasse dans la plaine en milieu découvert. Il se nourrit principalement d’autres oiseaux, volant au ras des grandes herbes il surprend souvent des petits granivores ou insectivores mais peut s’attaquer à d’autres espèces plus grosses comme le pigeon ou la tourterelle.

La Buse variable, avec ses 1.30 d’envergure a une allure de gros oiseau massif, pour économiser son énergie, elle chasse à l’affut sur un arbre ou un poteau, sauf quand elle peut profiter de courants d’air chauds ascendants ; elle guette alors de très haut volant en cercle . Elle est sédentaire.

Le Circaète Jean-le Blanc qui arrive chez nous en mars-avril est un grand rapace pale (envergure 1.75m ) . Il ne se nourrit que de reptiles qu’il repère en terrain découvert depuis le ciel. On l’observe plutôt dans les collines mais il a été vu dans la plaine.

Et la nuit ???

  • Les NOCTURNES

Les espèces nocturnes sont essentiellement des rapaces.

Le Grand-duc d’Europe, nichant dans les rochers vient la nuit chasser dans la plaine. Sa sa taille et sa puissance (envergure 170cm) en font un super-prédateur capable de s’attaquer à n’importe quel autre oiseau, mais aussi de capturer des mammifères comme le lièvre ou de jeunes renards ou même marcassins.

Le Petit-duc Scops au contraire à la taille de l’étourneau (envergure 50cm), c’est un migrateur présent d’avril à aout. Il chasse les papillons et insectes nocturnes en vol. Son plumage cryptique le rend parfaitement invisible le long d’un tronc. On ne le voit pas dans la plaine, il préfère les arbres, mais on entend son chant régulier et fluté signe des beaux jours.

L’Engoulevent d’Europe n’est pas un rapace mais en a le comportement. Cet étrange oiseau aux minuscules pattes chasse les insectes dès le crépuscule et émet un chant semblable à un bruit de Mobylette !

En conclusion….

Voilà un petit aperçu bien incomplet, des espèces principales observées très régulièrement dans la plaine. Il n’est pas le lieu ici de parler de tous les visiteurs d’hiver qui y trouvent refuge et nourriture, de tous ceux qui y font halte en cours de migration, ou des espèces occasionnelles, mais ils sont nombreux. Tant que nous protègerons cet espace naturel et ses ressources, ils seront là !

Pour plus d’informations, me contacter ou rejoindre les associations naturalistes

07 77 28 77 97 – jmnougaret@yahoo.fr

-> Ligue de Protection de Oiseaux :  https://paca.lpo.fr

-> Association La Chevêche : https://www.cheveche.fr

Edition 2021 - Jean-Marie NOUGARET, ornithologue et naturaliste amateur, habitant de Cuges les Pins