Exceptionnelle en Provence, la hêtraie de la Sainte-Baume
Peut-on imaginer la Sainte-Baume sans la magnifique hêtraie qui sert d’écrin à la grotte de Marie-Madeleine ? Pourtant, elle n’a pas toujours existé et son avenir est des plus incertains.
Présent en Provence à la fin de la dernière grande période glaciaire, le hêtre, commun en Europe centrale, s’est maintenu à la Sainte-Baume grâce à des conditions climatiques favorables et à la protection particulière dont a toujours bénéficié le « bois sacré », bien avant l’ère chrétienne.
Le vocable francique « haistr » a remplacé le nom latin « fagus » (dérivés : fayard, faou…).
Le hêtre est reconnaissable à son tronc rectiligne recouvert d’une écorce lisse argentée et à ses feuilles ovales disposées sur un même plan. Elles sont bordées par une rangée de cils blancs (différence avec le charme).
Essence d’ombre par excellence qui peut dépasser les 30 mètres de hauteur, le hêtre entre en compétition avec le chêne blanc. Il domine une strate sous-arbustive composée de houx, d’ifs, de tilleuls, d’érables… et permet, au printemps, l’éclosion d’espèces sylvatiques précoces comme la violette, l’hépatique, le sceau de Salomon, la sanicle d’Europe…
L’arbre tout entier est bénéfique et occupe une place de choix dans le grand cycle de la nature. Ses frondaisons abritent toute une cohorte d’insectes et contribuent à la formation d’une épaisse litière. Les feuilles sèches « douces et mollettes » ont été utilisées autrefois pour garnir les paillasses. Les fruits, appelés « faînes » sont très appréciés par les petits animaux de la forêt et ont pu occasionnellement servir à l’alimentation humaine « à la manière des châtaignes ». Ils fournissent une huile fine très recherchée. Excellent combustible, son bois se prête à tous les usages de la menuiserie. Les anciens Celtes s’en servaient pour faire des tablettes à écrire, supports de la sagesse druidique.
Puisse cette sagesse millénaire continuer à inspirer nos contemporains !
Edition 2019 - Alain BONTEMPS – Écomusée de la Sainte Baume