De Nice à la Cadière d’Azur, souvenirs d’antan
Apprendre à ne plus se hâter
“Hier soir en rentrant de Mandelieu, pas besoin de GPS, j’étais guidée, comme accompagnée.
Lors de mes études à Nice, mon père venait parfois me chercher le vendredi. Il avait des clients pas loin, et m’évitait ainsi le train rempli de bidasses ou de « sales mecs ». J’avais 18 ans et la vie devant moi. Je l’ai donc tellement prise cette route de Nice à La Cadière D’Azur ! J’étais pressée de renter, je voulais être à la maison. Aujourd’hui, je ne suis plus pressée de rentrer, personne ne m’attend. J’ai « ma maison », et mes parents ne sont plus là.
Fatiguée et aphone, je rentrais de Mandelieu par l’autoroute quand « On » m’a dit d’en sortir, un itinéraire bis m’a tendu les bras : Vidauban, Le Luc, Flassans, Ste Anastasie, Besse sur Isole, tous ces « bleds », que je n’aimais pas étant jeune, que je considérais comme perdus et sans intérêt, maintenant j’aime y passer ! Sentir leur atmosphère, comprendre leur passé, découvrir leurs richesses.
Juste avant Signes, la pêche à la truite… Mon père adorait ces endroits, il prenait cette route et m’écoutait râler…Il allait y pêcher avec son ami André (dit Dédé), et nous y emmenait parfois.
Maintenant qu’il n’est plus là, qu’il nous a quittés, je comprends pourquoi il prenait ces routes. Il ne fallait pas se hâter ; la vie passe trop vite.
La sagesse vient-elle en vieillissant ? Fait-on l’acquisition de la patience ? Sommes-plus réceptifs à la beauté de notre territoire ? Qui sait ?
Ce soir, j’ai vu des parapentes se poser dans la plaine, des genêts en fleurs, des cabanons au milieu des vignes, des chevaux qui cherchaient l’ombre, de très beaux arbres, du blé mûr qui sèche au soleil, la torpeur qui écrase les joueurs de boules dans les villages traversés, et j’ai entendu les cigales par ma vitre ouverte (merci Papa !!!!).
Un brin nostalgique, mais fière de mes souvenirs simples, authentiques et partagés. Bonne fête papa ! C’est ma première fête des pères sans cadeau…Ou tout ce que vous, mes parents, m’avez légué.”
Edition 2018 - Sophie Duquenne