Sainte-Baume, Terre Celte
Nous sommes tous Celtes, ou plus exactement Gaulois ! Notre culture est profondément empreinte de celtisme, un tiers de notre vocabulaire est d’origine gauloise et le sol sur lequel nous vivons est historiquement une terre celte.
Pourtant, les historiens ont longtemps attribué les sites du sud de la France à des populations non celtiques, car ils croyaient que la celtisation de cette région avait été tardive (IIIe siècle avant notre ère). Mais nous savons aujourd’hui, grâce à l’archéologie, que ceci n’est pas vrai, puisque des objets celtiques datant du VIe et du Ve siècle avant notre ère y ont été découverts. Ceci est confirmé par les textes relatifs aux peuplades les plus anciennes ayant vécu en Gaule.
En Sainte-Baume, nous pouvons identifier trois peuples principaux : les Albici, vers l’Huveaune (alors Urbs-Albica ou Ubelka) et Aubagne (Albania), les Camactulici à l’est de la Sainte-Baume, et entre l’arrière pays toulonnais (le Régio-Camattullicorum) et Ceyreste (Caesarista), et enfin, les Tritolli, dans la partie septentrionale du Var et notamment dans la région de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Rodanae), où seize sites de l’âge du fer ont été mis au jour.
La toponymie peut également attester de la présence gauloise autour de la Sainte-Baume. Citons, à titre d’exemple, les noms du village de Nans-les-Pins, de la rivière Le Cauron, qui prend sa source au sud de Nans et traverse cette commune, et du Pic de Bertagne, qui culmine à l’ouest de la crête de la Sainte-Baume. Nans vient du mot gaulois nanto, « val où s’écoule un ruisseau », en l’occurrence le Cauron. Cette rivière tire son nom du gaulois carros, « chariot », au sens de « l’eau qui porte » ou « charrie comme un chariot ». Enfin, le mot Bertagne a pour origine le mot bertio, « berceau » en gaulois, probablement en raison de la forme de son versant sud. Mais le plus remarquable est le nom Baume, qui provient du mot balma, signifiant « grotte » ou « caverne ».
La Sainte-Baume est indéniablement une terre celte. De plus, elle est sacralisée par la présence, à l’ubac, d’une magnifique hêtraie, témoin d’une période climatique humide faisant suite à la dernière glaciation et préservée depuis très longtemps. Elle constituait certainement ce que les Druides appelaient un nemeton, c’est-à-dire une forêt sacrée, un sanctuaire. Nous pouvons alors penser que ces sages de l’antiquité s’y rassemblaient pour y célébrer leurs rites.
Aussi, lors de vos prochaines pérégrinations en ces lieux, pensez à rechercher le reflet des divinités sous les frondaisons des hêtres…
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Edition 2019 - Philippe BRARD, Chercheur indépendant en sciences druidiques