Présence des Béguines à la Sainte Baume
Pic des Béguines croix des Béguines, maison forestière des Béguines… ces différents lieux géographiques de la sainte Baume restent des repères pour tous les marcheurs, les pèlerins les randonneurs, attestant de la présence des Béguines au cœur du massif. Il n’y a pas de fumée sans feu dit-on, les lieux sont gardiens d’une mémoire. quel souffle a poussé ces femmes arrivées au 12ème et 13ème siècle, nombreuses au Brabant, Hainaut, en Flandre, et Rhénanie à venir s’installer au sud en Provence à la sainte Baume ?
Ne peut- on y voir une marche pèlerine dans les pas de la sainte inspiratrice des lieux : Marie Madeleine ? Il est intéressant de remarquer que leur venue correspond à la redécouverte des reliques de Marie-Madeleine en 1279 par Charles II d’Anjou, Comte de Provence. N’y a-t-il pas un appel à poursuivre… ?
Forêt, grotte, source et massif ont offert une matrice de choix pour ces femmes d’esprit et d’action qui témoignent d’une fois chrétienne profonde et rafraichissante à l’image de celle évoquée dans le cantique des cantiques.
Rappelons ce que l’on sait de leur façon d’être et de vivre dans le monde. Ces femmes issues de la noblesse et de la bourgeoisie, du milieu artisan vivaient en communauté laïque dirigée par une Maîtresse ou Grande Dame. Leur travail (filage, tissage, fabrication de bougies, lavage, repassage, soins aux malades, aide aux pauvres) leur apportait une certaine autonomie économique et leur organisation, une autonomie sociale.
Pas de tutelle du curé local ni des dominicains ou des franciscains, deux ordres religieux reconnus par l’église. La prière, l’oraison, le travail intellectuel (étude et écriture), faisaient partie de leurs activités. elles écrivaient en langue vulgaire (flamand, ancien français, bas allemand, moyen allemand, hollandais) par opposition au Latin langue des théologiens et des érudits. Elles eurent l’intelligence du cœur, la volonté et la capacité de faire émerger du sens à ce qu’elles éprouvaient intérieurement de la parole divine par des écrits et des actes.
Il semble qu’elles aient vraiment essayé d’incarner dans l’existence sociale concrète leur foi Chrétienne. … Mais elles furent considérées par le pouvoir ecclésial comme une menace et furent condamnées par l’office de l’inquisition pour hérésie et hypocrisie dans la piété en 1311. et peu à peu elles disparaissent au cours du 14ème siècle. Merci et à celles et à ceux qui retracent, actuellement, leur histoire et leur expérience.
Vivre l’esprit des Béguines à la Sainte Baume : un chemin à rouvrir pour les femmes comme pour les hommes.
Edition 2012 - Marie Odile Desjardin & Viviane Marie Vieux