Les celtes en Provence – la Sainte Baume
La question des Celtes dans le massif de la Sainte-Baume agite tous les esprits. À juste titre d’ailleurs ! Une fascination presque morbide s’impose à l’idée des portiques affichant sans vergogne des têtes coupées. Entremont, Roquepertuse enflamment les esprits et le « mythe des oppida celto-ligures » prend vie, sous la plume féconde des premiers archéologues enthousiastes. Certes, les oppida, voire les « castellaras », simples refuges pour des populations apeurées, se nichent sur les sommets montagneux, défenses imprenables, fiers bastions intimidant l’ennemi prompt à semer la discorde. Dans la réalité, tous sont des villages ou des villes, forts, où les activités civiles, militaires et religieuses se côtoient sous l’œil d’une aristocratie jalouse de ses prérogatives.
On parle de Celtes ou plutôt de Celto-Ligures, à propos des habitants de la Provence, à l’âge du fer. Les Ligures se seraient-ils installés plus anciennement dans la région ? On le dit. Sont-ils à l’origine des constructions en dur, qui s’opposent aux cabanes gauloises, et des tumulus funéraires découverts au Plan d’Aups ? Quant aux Celtes, voici une brillante civilisation et une société de guerriers violents, barbares, sauvages, dirigée par des roitelets imbus de leur pouvoir. Leur religion prône l’idéologie de héros déifiés. Cependant, une Déesse souveraine impose sa marque. La fameuse inscription gallo-romaine aux Mères nourricières de l’Huveaune, découverte près d’une source, en témoigne. Comme lieu de culte, citons des autels et des portiques dans les oppida, et des bois sacrés.
Les Celtes sont-ils venus au Plan d’Aups ? Leurs traces sont fugaces. Le massif de la Sainte-Baume constitue une barrière forestière quasi impénétrable, surtout au début de l’âge du fer, date d’apparition des guerriers celtes et période où sévit une péjoration climatique. Ils n’ont laissé que de rares oppida, à la périphérie de la montagne, comme Saint Probace à Mazaugues. Au Plan d’Aups, seuls les toponymes attestent de leur passage ou de leur présence. Déjà, le mot « Plan d’Aups » suggère une belle opportunité : Plan (ou plaine) et Aups, vocable ancien proche d’Alpe, en lien, ici, avec la montagne. Notons une quinzaine de toponymes celtiques dont la source de Nans, ce mot signifiant « val ». Enfin, autre vocable riche d’attraits, Baume (ou grotte), prodigue ses mystères et évoque quelque culte préceltique. La Sainte-Baume n’a pas encore livré tous ses secrets.
Edition 2019 - Myriam PHILIBERT Lire de l’auteur L’Alphabet des arbres, éditions du Rocher, réimpression 2016.