L’ermite intérieur

L’ermite intérieur

L’ermite intérieur L’ermite intérieur

Une fin d’après-midi automnale à la Sainte Baume. Mes pensées tournent autour de ce massif particulier. Toutes ces histoires du passé me laissent dubitative.

Foulant l’allée des rois, mes pieds s’enfoncent confortablement dans l’épais tapis de feuilles mortes, la marche devient légère, odorante. La lumière filtre entre les troncs des arbres formant le grand corps de cette forêt mystérieuse. Attentive, les sens ouverts aux mille bruissements de cette vie silencieuse, je me laisse guider.

Un banc, à l’orée d’une clairière, comme une invitation muette à me poser. Je laisse le corps s’accommoder de la dureté du bois et accueille la douce lumière comme un baume sur mon visage et dans mon cœur, si souvent inquiet de ce monde malade.

Je m’abandonne lentement à la quiétude du lieu. Une main invisible effleure mon épaule droite, comme un encouragement à l’immobilité présente. Des visions d’ermites passent devant mes yeux. Je me redresse déçue que des pensées parasites viennent troubler ce moment rare de contemplation. La vision persiste … Je respire profondément et me détends, confiante…

« Entend l’appel des ermites d’autrefois. Les temps changent. L’appel demeure. Allégés du fardeau de l’avoir et du faire, ils empruntaient la voie d’une vie simple, pauvre, souvent rude. Si leur habitat était réduit, leur monde intérieur devenait illimité en résonnance avec l’environnement visible et invisible. Vois, si tu le peux, la lumière qui émane de leur regard. Derrière leur apparente pauvreté, rayonne la richesse de leur être… »

L’air fraichit, il est temps de redescendre dans la plaine. Ai-je rêvé ? Une douce chaleur s’éveille au milieu de la poitrine. Je croise les bras sur mon cœur pour la protéger. « Ton ermite intérieur loge là depuis toujours, ne l’oublie plus ! Que le don de ce contact vive en toi. N’aie crainte. Nul besoin de te retirer dans une grotte comme ces nobles ermites du passé. Deviens réceptive à cette subtile présence qui connaît l’essentiel. Prends soin de ta vie précieuse, cultive le meilleur de toi-même et partage-le, comme un baume pour les âmes attristées.

Je me lève songeuse, pas à pas, je reprends pied dans ma vie d’avant cet instant, celle que je connais et qui me rassure, malgré toutes ses limitations et ses souffrances. Furtive, la silhouette d’un être enveloppé dans une cape sombre, glisse entre les arbres, comme une présence connue. Le cœur s’ouvre. Je ne suis plus seule. Je me suis retrouvée.

https://www.institutile.fr/

Edition 2025 - Marie-Claude Ayensa - Médiatrice-conteuse - Sainte Baume développement