La chapelle des pénitents blancs ou de la miséricorde à Nans-les-Pins

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La chapelle des pénitents blancs ou de la miséricorde à Nans-les-Pins

La chapelle des pénitents blancs ou de la miséricorde à Nans-les-Pins

Ce n’est pas par sa taille ou la richesse de ses décors qu’elle en impose mais il s’en dégage un charme indéfinissable. C’est assurément le plus émouvant, sinon le plus beau, monument de Nans-les-Pins. Chef-d’œuvre de sobriété, sa jolie façade en pierres brutes, jadis apparentes, est couronnée d’une cloche gothique, l’une des plus anciennes du Var. Datée de 1582, elle est antérieure à la construction de l’édifice (s’agit-il d’un réemploi?) et porte l’effigie de l’archange saint Michel. On la faisait sonner autrefois, en cas d’orage, pour éloigner la grêle.

Des bergers, dit-on, auraient trouvé une statue de la Vierge en majesté au sommet d’une colline (Sainte Croix). Ramenée au village, et mystérieusement disparue, elle n’aurait accepté d’y rester que si on lui construisait une chapelle digne de l’abriter. Ce fut, en 1623, la mission des pieux et bienveillants Pénitents blancs qui n’apparaissaient en public que revêtus d’une cagoule. Relégué dans la sacristie, un tableau nous les montre, figés en prière, sur une pâle copie de l’Assomption de Murillo et leurs accessoires de pèlerinage semblent avoir été abandonnés dans le chœur.

Sentinelle sur le chemin des Roys, ce lieu de culte marque le début de sa partie la plus accidentée. C’est qu’elle en a des choses à raconter, notre vénérable chapelle, à ceux qui savent l’écouter, car elle a vu

  • les pèlerins en quête de Sainte baume : Louis XIV et son important cortège (en 1660), la reine déchue d’Espagne, Marie-Christine, qui s’y est arrêtée pour prier (en 1860), bien d’autres personnages célèbres ainsi que la foule anonyme des petites gens qui ont laissé la place aux modernes randonneurs,
  • les malheureux pestiférés de 1720, entassés dans un hôpital de fortune,
  • les derniers loups tués à Nans au milieu du XIXe siècle.

Sauvée de l’abandon au siècle dernier par une paroissienne originale (Lucie Niel) qui se disait la « sacristine des collines », la vieille dame a finalement subi les outrages du temps (celui qu’il fait et celui qui passe). On vient de lui administrer une cure de jouvence et de lui fournir une carapace qui la préservera, on l’espère, pour les générations futures.

Edition 2020 - Alain Bontemps