Connaissez-vous Saint-Jean-de-Garguier ?

Connaissez-vous Saint-Jean-de-Garguier ?

Connaissez-vous Saint-Jean-de-Garguier ? Connaissez-vous Saint-Jean-de-Garguier ? Connaissez-vous Saint-Jean-de-Garguier ?

Ce quartier de Gémenos à la limite de Saint-Pierre les Aubagne, sous la Sainte Baume, abrite 3 lieux atypiques à forte personnalité qui sont des témoins de l’identité provençale chère à notre territoire : Le prieuré et sa chapelle, une bastide du XVIII° transformée en château au fond d’un vallon protégé, et, la chapelle de Saint-Clair sur les hauteurs.

Ces lieux sont fréquentés depuis plus de 2600 ans. Des lieux habités depuis des siècles, ce qui leur confère une certaine respectabilité. 

Au fil des années, ce petit hameau devient un « lieu carrefour » avec un grand marché rural.

« Gargara, comme on appelle le lieu aussi parfois, était très célèbre par la fertilité de son sol ; et Garguier était, sans aucun doute le chef-lieu de ce terroir, qui renferme le fameux quartier de Beaudinard, la Terre promise des marseillais comme on disait il y a cent ans (…) Garguier était, le plus grand centre de population indigène avoisinant Marseille. Tout ce pays, plaine et montagne, des bords de l’Huveaune aux sommets du Garlaban et de la Sainte Baume, a dû jouer un rôle capital dans la vie de notre antiquité économique, politique et religieuse. »* 

Le hameau de Gargar existait déjà à l’antiquité et c’était le seul hameau de cette plaine de l’Huveaune. Gargar est la graine dans cet ancien dialecte phénicien. Des fouilles archéologiques ont permis de trouver de nombreuses pièces de monnaies qui attestent de cette richesse. De plus, certains écrits évoquent la présence de thermes avec des vestiges d’aqueduc. Le site date de l’ère Romaine Locus Gargarius.

LE PRIEURÉ DE SAINT-JEAN-DE-GARGUIER, que l’on peut visiter lors des journées du Patrimoine ou lors des festivités de la Saint-Jean, a sa propre histoire.

En effet, l’existence d’une de plus anciennes communautés chrétiennes en Provence est attestée sur ce site, dès le début du V° siècle.

A la fin du IV et au début du V°siècle, elle est siège d’un éphémère évêché. Puis vers 1040 elle est bénéficiaire des donations des vicomtes de Marseille.  Puis elle est cédée à l’abbaye de Saint-Victor. En 1205, elle tombe dans le giron de l’Abbaye Saint-Pons de Gemenos (Alléluia). Cette chapelle est la plus ancienne paroisse connue du diocèse.

Au XVI° siècle, le territoire (certainement vendu aux enchères) est acquis par les Albertas…bien connus pour leur rôle dans l’essor de Gemenos. Ils achètent la seigneurie de Gémenos et entament la mise en culture des terres auparavant inondées (assèchement des Paluns/Paluds) et, sont à l’initiative de l’établissement du village dans sa forme moderne. Au XVIII° siècle, les marquis d’Albertas complètent leur propriété (Hotel de ville, parcelles, Château de Jouques, etc) en acquérant le domaine de Saint-Pons, (aujourd’hui propriété du département des Bouches du Rhône),  où ils insufflent une véritable dynamique industrielle  (vallée de St Pons et Papeterie du Paradou-vestiges visibles encore de nos jours).

La Chapelle du prieuré de Saint Jean de Garguier date, dans sa forme actuelle, de 1646.

La folie destructrice des révolutionnaires de 1789 n’épargne pas le prieuré dont une partie est détruite,  mais l’attachement au lieu demeure et les habitants continuent de venir en pèlerinage. 

Les derniers propriétaires furent la famille d’Aillaud de Cazeneuve, grâce à qui le culte continue d’être célébré jusqu’à la fin de la guerre de 1914. A partir de 1920, des colonies de vacances s’installent au prieuré, puis il devient un refuge de familles en 1939, puis est de nouveau saccagé … Une des héritières des Cazeneuve (Jeanne) refuse ce triste sort, elle fait don de la parcelle à l’évêché de Marseille en 1952. La mobilisation d’habitants, de passionnés, d’amis, de pèlerins, permet une restauration partielle du lieu.  

Ce qui permettra, dès 1954, d’accueillir des scouts. L’Association des Amis de Saint Jean de Garguier prend le relais dans les années 80 et se mobilise pour récolter des fonds. Le diocèse de Marseille, quant à lui, décide d’engager de gros travaux (2003-2013) pour rendre au prieuré son éclat. Désormais maison diocésaine, destinée à accueillir des groupes de pèlerins, des retraitants, des randonneurs, il peut se visiter et vous permettre de découvrir sa riche histoire.

La Chapelle du prieuré dispose d’une collection unique en Provence, plus de 300 ex-voto peints, dédiés à Saint Jean le Baptiste. Les plus anciens du XVI° siècle, sont des extraordinaires témoins de la vie provençale, où la foi populaire, la Divine Providence s’expriment pour remercier des guérisons, des grâces obtenues, ou, de garder confiance malgré les épreuves.

La dévotion à Saint Jean (Baptiste) perdure tous les 24 juin…

D’autres statues, dont celle de Saint-Clair, sont à découvrir entre ses murs. Mais, Je ne vais pas tout dévoiler ici… Ce saint est le protecteur des couturières, parce que pour coudre, il faut y voir clair ! 

LE CHÂTEAU DE SAINT-JEAN-DE-GARGUIER, découvert dans mon enfance, a toujours été une image d’Epinal pour moi. Petite fille, je le considérais comme féérique, immense…J’imaginais des tas d’histoires en ses murs, une ambiance de Belle et la Bête, un vrai décor de conte de fées !  

Dans notre région, il y a peu de châteaux, quelle surprise de découvrir son architecture étrange pour l’endroit ; hors du temps, elle étonne en donnant libre cours à nos rêves.

« Logis rectangulaire de trois niveaux cantonnés aux angles de tourelles circulaires à base talutée soulignée par un cordon. Les mâchicoulis des couronnements sont des ajouts du XIX° siècle ».

La Mairie de Gemenos, propriétaire a entrepris des travaux, pour mettre en sécurité l’édifice et sauvegarder le gros-œuvre.

Plusieurs propriétaires avant la mairie se sont succedés depuis le XIX° : le comte Paul-Esprit de Clappiers-Colongue, le comte de Navalle, la famille d’Aillaud de Cazeneuve, le Dr Duviard et ses héritiers, M. Courcelle, puis le groupe Mornay de 1959 à 2002 qui avait donné le domaine en gérance à Vacances bleues pour y organiser des séjours pour les retraités.

Au printemps son parc s’illumine avec d’éclatantes teintes violet pourpre, les fleurs des arbres de Judée, un spectacle à ne pas rater !

Malheureusement, le site est fermé au public depuis des années, il appartient à la commune de Gemenos depuis 2002. 

Seul son parc arboré de 30 hectares est ouvert au public à l’occasion de fêtes municipales ou régionales, comme La Fête de la Nature, mi-septembre. 

Espérons que ce bel endormi trouve, un jour, sa vocation et qu’il revive pleinement sous le ciel bleu.

LA CHAPELLE SAINT-CLAIR, pour se dégourdir les jambes et prendre de la hauteur, vous pourrez emprunter les sentiers ou chemins DFCI pour une petite randonnée printanière ou automnale, afin de découvrir les ruines de la chapelle du XIe siècle, dont l’abside a été consolidée et rénovée en 1980. Une jolie balade vous conduit dans un vallon frais, puis au refuge du Petit Tuny, avec une dernière ascension vers la Chapelle qui surplombe le prieuré et le château…  

De là-haut, le panorama est fabuleux et rappelez-vous qu’il faut TOUJOURS y voir clair !

(Redescendre jusqu’au parking du prieuré -boucle de 4h environ). 

Ces trois sites qui se situent sous les barres rocheuses bienveillantes du col de l’Espigoulier et du Pic de Bertagne font partie intégrante du patrimoine culturel de notre belle Provence et pour TOUJOURS.

*Sources : Mairie de Gemenos *Revue des études anciennes C.J* Notes sur Saint-Jean-de-Garguier E. Duprat C. Jullian Revue des Études Anciennes Année 1921 *Blogs

Edition 2025 - Sophie Duquenne