À propos de Marie Madeleine
Bien des légendes ont fleuri autour de Marie-Madeleine. Ne dit- on pas en Provence, où elle serait venue finir ses jours, que ses larmes de pénitence auraient donné naissance, à la Sainte-Baume, à une source devenue depuis une véritable rivière ? Mais Marie-Madeleine est avant tout un des principaux personnages de l’Evangile, sans doute la femme la plus connue et la plus vénérée après la Vierge Marie. Elle y est en général désignée comme Marie de Magdala florissante bourgade de Galilée, située sur les bords du lac de Tibériade. Saint Luc nous apprend que c’est une convertie, de laquelle Jésus a chassé sept démons (manière biblique de nous dire qu’elle vivait sous l’emprise du péché). Elle fait partie de ces femmes qui suivent le Maître depuis le début de sa prédication en Galilée. Fidèle jusqu’au bout, nous la retrouvons près de la croix, avec Marie, la mère de Jésus. Au matin de Pâques, elle est la première à bénéficier de l’apparition du Ressuscité, qui lui confie la mission d’aller annoncer à ses disciples qu’il est vivant. Dès l’Antiquité, les écrivains chrétiens se sont penchés sur l’identité de cette femme considérée comme l’égale des Apôtres. Certains – et non des moindres – ont cru reconnaître en elle la même femme que Marie de Béthanie, la soeur de Marthe et de Lazare, thèse que la tradition occidentale a faite sienne, grâce en particulier au Pape Grégoire le Grand (6e siècle), et imposée dans la liturgie latine. Le problème reste, aujourd’hui encore, débattu par les exégètes. Plus tard, la Légende provençale, d’origine médiévale, a répandu l’image de la Pénitente de la Sainte-Baume, où Marie-Madeleine serait venue pleurer ses péchés, après avoir évangélisé avec d’autres disciples (Marthe, Lazare, Maximin…) notre coin de Provence. Mais le culte de la Madeleine provençale devait trouver tout son essor à partir du 13e siècle, grâce au Comte de Provence,Charles Il d’Anjou, qui retrouva ses Reliques dans la crypte gallo-romaine de l’ancienne église de Saint-Maximin édifiée par les moines Cassianites. Il obtint du Pape Boniface VIII l’affectation des Dominicains près du tombeau de la Sainte et fit entreprendre la construction de la Basilique et du Couvent, qu’il prit sous sa protection royale (d’où le titre de Basilique royale» et de» Couvent royal» décerné à ces édifices).
Après des siècles de présence à Saint-Maximin, les Dominicains ont quitté leur couvent en 1957 et la paroisse au début des années 70. Par contre, ils sont toujours présents à la Sainte-Baume, où ils viennent de fêter le 150e anniversaire de leur rétablissement par le père Lacordaire (1859). La Basilique de Saint-Maximin et la Grotte de la Sainte-Baume gardent donc la mémoire vivante de « l’Apôtre des Apôtres «. Chaque année, elle y est célébrée avec solennité et ferveur le 22 juillet – jour de sa fête liturgique – et le dimanche suivant. Mais c’est sans cesse que les âmes en quête de Dieu, les pécheurs, les affligés, les souffrants du corps et du coeur, les blessés de la vie, viennent chercher auprès de la Patronne de la Provence lumière et réconfort. Car, qu’elle soit venue ou non a la Sainte-Baume et à Saint-Maximin, sainte Marie-Madeleine y demeure bien présente et agissante.
Edition 2010 - Mgr Jean-Pierre Ravotti