Une montagne qui danse
Je découvre dans un livre de Marc de Smedt*, une interview de Jacqueline Kelen, amie de la Sainte Baume, écrivain et auteure de plusieurs livres sur les Béguines* et Marie Magdeleine*. Parlant de cette dernière, elle écrit : « … j’ai rencontré une femme de lumière, une éveilleuse…elle transmet une parole prophétique, c’est-à-dire impérissable, toujours verdoyante, une parole qui fait danser les montagnes ! »
Cela semble s’adresser à la montagne de la Sainte Baume où Marie-Magdeleine par sa parole, comme par son silence dans les Evangiles fait danser cette montagne. Comment ?… N’y êtes vous pas venus faire un tour ? Une marche ? Une pause ? Seul ou en couple ? En colonne d’amis ? La Sainte Baume n’est pas statique ! Elle est animée par chaque pas de tous ces marcheurs et pèlerins qui martèlent son sol de leurs talons décidés rythmant une chorégraphie très vivante à l’allure de « Grand’ Marche ! »
La convergence de cette Marche est pour la salle de réception : la grotte ! « baoumo ! » Les frères dominicains y animent chaque jour la liturgie avec les lou-anges parlées ou chantées rejoignant la liturgie céleste opérant en ce haut lieu. Alors, pendant que se vit quotidiennement la sobre chorégraphie liturgique à la grotte, d’autres personnes à l’extérieur évoluent tout autour d’elle : tous en synergie naturelle avec ce pôle priant. Ainsi la montagne danse de par tous ces pas des Appelés du jour sous la guidance d’un professeur de grâce: Marie-Magdeleine ! Dans une autre tradition, la tradition hindoue, Shiva, un des aspects du Dieu Un, devient : Nataraja, le Danseur! Celui qui met en mouvement la création. Sans lui tout resterait statique. Il est souvent représenté dansant à l’intérieur d’une roue de vie et d’énergie, symbolisant le cosmos. Dans un haut lieu de l’Inde du sud, se trouve une autre montagne sacrée : Arunachala, la Montagne de l’Aurore. Elle est l’une des demeures de Shiva. Dans les grottes accolées à cette montagne, un sage éveillé hindou, a médité de longues années : Ramana Maharshi. Un monastère (ashram) a été fondé au pied de la montagne suite à la renommée de celui-ci. Ramené à son monastère pour y accueillir et bénir de nombreux pèlerins venus le voir, il ne manquait pas d’honorer chaque jour la Montagne, qu’il considérait comme un maître. Ainsi chaque jour, il faisait à pied ce que les Indiens appellent la « pradakshina », circumambulation autour de la montagne sainte, le cœur constamment tourné vers Elle. Pour ceux qui connaissent l’Inde du sud, le parallèle s’établit entre cette marche centrée autour d’Arunachala et celle qui se vit à la Sainte Baume alors laissons-nous entraîner dans sa « danse libre ! ».
Edition 2014 - Viviane-Marie Vieux