Construire l’avenir par le bas

Construire l’avenir par le bas

Construire l’avenir par le bas

Le Parc Naturel Régional de la Sainte-Baume comme un pari sur l’avenir

Dans une société en quête de repères, les territoires changent de sens. Ce ne sont plus des lieux d’application de politiques construites à d’autres niveaux, ce sont des milieux de vie où se côtoient des résidents, des actifs, des entreprises, des associations, appelés à mutualiser leurs forces pour se construire un avenir. Certes, l’idée de parc est trompeuse. Elle renvoie immédiatement à des frontières, à des limites, à un sentiment d’enfermement.  C’est pourtant tout le contraire. Un parc est un espace ouvert qui entend donner de la cohérence entre tous ses acteurs en les invitant à se positionner dans un environnement à protéger. Il rapproche les nécessités du développement économique des contraintes de son patrimoine culturelbâti et naturel. Il produit des liens plutôt que des biens.

Celui de la Sainte-Baume n’est pas l’addition des 29 communes qui le composent ou des 58 000 habitants qui le peuplent. C’est une ambition collective pour savoir et pouvoir engager son développement et son environnement vers un bien commun partagé. Il n’a pas vocation d’interdire mais de protéger. Il n’a pas pour finalité de contraindre mais de convaincre. Il bénéficie d’un cadre de vie exceptionnel. Mais cet espace forestier à cheval sur deux départements n’est pas au croisement de grandes routes, n’a ni TGV, ni université, ni pôle industriel ou technologique majeur. C’est sa beauté qui fait sa richesse.

Dès lors, les techniciens de talent qui ont préparé son projet et les élus du territoire qui ont voté sa charte sont au service de cet espace dans l’intérêt général de tous. Toutes les dimensions de son identité ont été travaillées. Des centaines d’acteurs ont été mobilisés. Ici, c’est le paysage qui fait lien. Sa protection invite à le protéger contre une urbanisation galopante, à savoir gérer ses ressources naturelles, à préserver son agriculture, à réduire les nuisances et les risques. Son action se place dans le développement durable qui l’on peut décliner dans ses multiples composantes : économie forestièreénergietourisme, commercesartisanat mais aussi dans ses déclinaisons sociales pour améliorer la qualité de vie des habitants qui y vivent et des usagers qui le fréquentent. Ce lieu est chargé d’histoire. Son patrimoine spirituel est celui du sanctuaire de Marie-Madeleine. Son patrimoine culturel est celui de la langue d’Oc. Ce sont des biens communs au service de tous.

Un parc ne résout pas à lui seul tous les problèmes que rencontre un espace qui a tendance à se replier sur ses membres, des entreprises à ne regarder que leurs résultats, des associations à se concentrer sur leur seul objet social. Il porte l’ambition considérable de transformer ces tas d’initiatives en un tout cohérent, de construire des ponts, de partager des liens. Il appelle à savoir dépasser les préoccupations légitimes de court terme pour se porter sur l’avenir. Il n’y a pas beaucoup de structures qui partagent une telle ambition. Le parc en est une. Car au-delà de ses actions quotidiennes, il pose les questions de notre temps : l’impact du changement climatique, les énergies renouvelables, le développement durable, la montée des inégalités, la qualité de vie. Il invite à ré-enchanter un petit morceau du monde. Chacun d’entre nous, habitant ou pas, est appelé à concourir à sa réussite.

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Edition 2018 - P. Langevin - Président de l’Association Régionale pour le Développement Local